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 Le 5 Octobre et la restauration autoritaire

Le 5 Octobre 1988 restera comme un moment de consécration de la résistance moderniste et des luttes démocratiques post-indépendance. Pour la première fois de son histoire, le système militaire autoritaire et sectaire mis en place par le clan victorieux de la guerre de pouvoir des dernières années de la révolution, avait plié.
Après quelques années de réformisme contrarié par l’irruption hégémonique de l’islamisme (entre la promulgation de la Constitution de février 1989 et l’assassinat du président Boudiaf), le système a profité de ce que l’entreprise islamiste belliqueuse et antinationale présentait comme danger contre l’État et la nation pour amorcer un processus de restauration autoritaire musclée. Dès la fin 1992, le duo Kafi-Abdeslam figurait, jusqu’à la caricature, le retour à ce qu’il y a de plus laid dans cet étatisme rigide et oppressif, que Ben Bella a initié, que Boumediene a structuré et que Chadli a entretenu. Un baathisme rédempteur et intolérant soutient idéologiquement ce pouvoir de caste qui, à son tour, assure la promotion du panarabisme pétrolier et triomphant.
Mais c’est sous le régime Bouteflika que le système a réussi son entreprise de “détricotage” des acquis politiques populaires engrangés par les luttes et révoltes ayant ponctué les premières décennies de l’indépendance. Dès son intronisation, Bouteflika a commencé par gommer la virtualité même de toute contestation en réunissant presque tout ce que le pays comptait d’opposition institutionnelle dans son gouvernement. Grâce à l’élargissement du cercle politique, le régime pouvait plus aisément banaliser et systématiser la fraude électorale. D’autant que le pouvoir venait de se “réconcilier” un islamisme violent laminé par la lutte armée.
Cette régression institutionnelle sera couronnée par le rétablissement de fait de la présidence à vie. Celle-ci a nécessité une révision de la Constitution de 1996 pour la dépouiller de son article limitant le nombre de mandats pour un même Président, renvoyant ainsi l’Algérie dans le club des dernières dictatures “électorales” du tiers-monde. Le resserrement autoritaire s’accompagnait d’une institution progressive de la répression politique. Après le harcèlement administratif des partis politiques, après avoir expérimenté toutes sortes de procédés répressifs sur la presse, des plus directs aux plus insidieux, puis mobilisé toutes sortes de moyens de surveillance contre les internautes, ce sont les militaires à la retraite qui viennent d’éprouver l’aversion du système pour l’expression citoyenne libre.
À la veille de ce 5 Octobre, les partis et personnalités de l’opposition, dont certains sont revenus du régime, réunis au sein de l’Icso, ont fait le constat implacable d’un pays que le régime a dépouillé de tous ses acquis démocratiques. Une situation sans issue, la restauration autoritaire ayant évolué en impasse politique.

Par Mustapha Hammouche ( source liberté)

Tag(s) : #POLITIQUE
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