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Conférence à la salle M’Hamed Benguettaf du TNA Théâtre et immigration
 

Les trois intervenants, représentés par le dramaturge Ziani Cherif Ayad, et les universitaires Fatma Guermat et Ahmed Chenilki, ont donné leur approche sur le théâtre et l’immigration.

L’universitaire et modérateur, Ahmed Cheniki, a indiqué que certains auteurs algériens se sont impliqués dans la guerre de Libération nationale à travers les planches théâtrales. Pour l’orateur, le théâtre de l’immigration est apparu après le choc pétrolier de 1973 en France. Ce théâtre de l’immigration se déclinait sous la forme d’un théâtre-document, qui avait pour objectif de contrecarrer le discours mensonger affirmant que la crise financière était due au flux migratoire.

Le 4e art a été d’un apport important, à cette époque-là, puisque plusieurs troupes et mouvements théâtraux ont vu le jour. Preuve en est avec la pièce théâtrale Mohamed prends ta valise, de Kateb Yacine, laquelle a sillonné toute la France. A cette période, les pièces n’étaient pas jouées uniquement dans les lieux de représentation traditionnels, mais également dans d’autres espaces, tels que les rues et les garages.

D’autres troupes ont œuvré dans ce sens-là, à l’instar d’El Aâssifa, Nedjma ou encore Kahina (troupe féminine). Mieux encore, entre 1975 et 1981, fut créé le Festival du théâtre de l’immigration, lequel accueillait à chaque édition plus d’une trentaine de pièces. Certaines étaient jouées en arabe populaire, en berbère et en français.

De son côté, le dramaturge Ziani Cherif Ayad est revenu sur sa propre expérience. Il a précisé qu’il a été animé par un fait précis qui l’a poussé à aller faire du théâtre à l’étranger. Il a monté la pièce Galou larab galou pour être présentée au Festival de Carthage. «A l’époque, confie-t-il, on partait toujours avec une délégation où il y avait un chef rattaché au ministère de la Culture.

On présente le spectacle et deux jours après un producteur koweïtien est venu. Il voulait acheter le spectacle et le faire diffuser. J’ai vu que nous étions limités à des rapports bureaucratiques du ministère. Je me posais déjà la question comment toucher d’autres publics. La deuxième chose qui m’avait bouleversé était l’idée suivante qu’on nous avait inculquée que si on voulait faire du grand théâtre, il fallait faire des adaptations du répertoire universel. On rencontrait des gens mais pas le public. On jouait une seule fois, mais je me disais au fond de moi-même est-ce que notre théâtre peut toucher un autre public que celui pour lequel on a fait une pièce.

C’était ce challenge que je voulais relever, comment jouer pour un autre public». Le dramaturge a quitté le Théâtre national d’Alger en 1989, pour, justement, avoir plus de liberté afin de choisir les pièces qu’il désirait monter. Ziani Cherif Ayad rappelle que la plupart de ses travaux étaient axés sur deux paramètres importants, «la mère patrie» et l’ «exil».

L’universitaire Fatma Guermat, qui prépare un doctorat sur le dramaturge algérien Slimane Benaissa, est revenue dans son intervention sur l’expérience de cet artiste. Elle indique qu’en 1993, Slimane Benaïssa est contraint de quitter le pays après avoir reçu des menaces de mort et perdu trois de ses proches amis, dont l’écrivain Tahar Djaout. Ainsi, le départ fait suite à une demande d’atelier d’écriture à Epinay sur-Seine, où il a écrit Marianne et le marabout. Après cette résidence d’écriture, il décide de ne pas revenir en Algérie et de vivre dans l’exil qu’il considère comme «une école de dépassement de soi».

Pour attirer le public français, il traite des thèmes puisés dans l’histoire, en estimant que c’est le plus important point commun avec sa société d’origine. Sa première préoccupation est donc de parler  de l’intérieur de l’Algérie au public français, de faire connaître à ce public ce que vivent les Algériens, afin d’essayer de mettre ces deux publics en communication directe. Pour ce faire, il recourt à un théâtre axé sur un personnage central présenté de mille et une manières. Il utilise aussi le «je», qui implique le personnage et l’implique, lui, en tant qu’auteur, puis il l’entoure de narrateurs et d’acteurs qui l’aident à raconter son histoire. L’oratrice souligne que Benaissa ne parle pas dans ses pièces uniquement de son pays d’origine, il parle aussi de l’immigré en France. Il écrit en internationalisant les problématiques. Pour le dramaturge, le roman lui permet de parler de lui, de son intimité et le théâtre reste dans une problématique collective.
 

Nacima Chabani ( source el-watan)
Tag(s) : #Culture
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