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IL NOUS A QUITTÉS LE 23 JANVIER 2012 Il y a cinq ans, Chérif Kheddam...

En l'absence de relève, à chaque fois qu'un artiste de la trempe de Chérif Kheddam s'éteint, c'est un grand vide, impossible à combler, qui est laissé sur la scène de la chanson algérienne. Il y a cinq ans, le 23 janvier 2012, en fin de journée, alors que l'on s'y attendait le moins, le décès d'un pilier de la chanson algérienne d'expression kabyle est annoncé par radio Tizi Ouzou. Le maîre est parti après une longue maladie. Il s'agissait de l'immense Chérif Kheddam. Celui qui a imprimé à la chanson kabyle un timbre de modernité inexistant avant lui. Celui qui a tissé à cette chanson kabyle, qui allait encore se développer avec l'arrivée de dizaines de jeunes talents qui finiront par devenir des stars, une orchestration qui va hisser encore la culture ancestrale à ses cimes. Chérif Kheddam, en s'en allant, a laissé la chanson kabyle orpheline. C'est le cas à chaque fois qu'une sommité s'éteint. Et en ce mois de janvier, la Kabylie commémore aussi l'anniversaire de la naissance d'un cardinal, Matoub Lounès et l'anniversaire du décès d'un géant à tous points de vue, Slimane Azem. Sans Chérif Kheddam et ses frères et confrères, la langue amazighe aurait sans doute régressé car la chanson a contribué énormément à sa préservation. Elle a été un rempart contre la disparition de la langue amazighe qui souffrait d'une absence de reconnaissance à l'époque. Pour ce faire, l'oralité a d'ailleurs joué un grand rôle. Chérif Kheddam, dont on commémore aujourd'hui l'anniversaire de son décès, a été certes d'abord et avant tout un musicien exceptionnel, mais nul ne peut nier sa facette de poète. Dans ses dizaines de poèmes chantés par lui-même mais aussi par d'autres artistes, dont il était le parolier, Chérif Kheddam a raconté avec des vers débordant de métaphores et de rimes la vie kabyle sous divers angles. Il a chanté la femme et son amour, sa beauté et sa condition ainsi que l'Algérie, la Kabylie, Bgayet et ses paysages ensorcelants. Poète, Chérif Kheddam n'a, certes, pas fréquenté les grandes universités. Mais son école à lui était celle de la vie. Il a appris dans le tas. De sa naissance en 1927 au village Boumessaoud en Haute Kabylie jusqu'à son décès en France, Chérif Kheddam n'a pas cessé d'apprendre. Sa première école a été celle de son village et de sa famille modeste de paysans kabyles, qui titillaient la terre à longueur d'année pour arracher dignement leur pitance. A l'âge de neuf ans, Chérif Kheddam fait ses premiers pas dans l'école coranique de la zaouïa de Boudjelil, à Tazmalt (wilaya de Béjaïa). A l'instar de nombreux artistes de son époque, Chérif Kheddam prend le chemin vers la capitale, Alger, pour y travailler à Oued Smar. Et encore comme plusieurs de ses pairs, après cinq ans passés à Alger, il prend le bateau vers Marseille et s'installe à Saint-Denis pour quelque temps car gagner sa vie au pays natal n'était pas du tout évident à l'époque. C'est dans le pays de Baudelaire que Chérif Kheddam suit ses premiers cours de musique. Chaque soir après une rude journée de labeur, il allait à ces séances qui allaient forger son talent de compositeur. Enfin, au début des années cinquante, il enregistre sa première chanson: «Yellis n tmurtiw» (La fille de mon pays). Un chef-d'oeuvre, faut-il le rappeler. Après l'indépendance, Chérif Kheddam revient au bercail. Il anime une célèbre émission consacrée aux jeunes talents en herbe, intitulée «Ighenayen uzekka» (Les chanteurs de demain). Il produit régulièrement des chansons qui seront toutes des succès et dont les plus célèbres sont: «Bgayet telha», «lzdzayer nchallah atsehloudh», «Nadia a tumliht n tit», «Tulawin», «A lemri», «Ezzin d lfen», etc. Après la détérioration de la situation sécuritaire en Algérie, dans les années quatre-vingt-dix et à l'instar d'une grande partie des artistes algériens, hormis quelques-uns, Chérif Kheddam s'est de nouveau envolé, malgré lui, en France où il vécut jusqu'à son décès à l'âge de quatre-vingt-cinq ans. Le grand compositeur a été enterré dans son village natal Boumessaoud le 26 janvier 2012 en présence de milliers de fans.

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Tag(s) : #CULTURE
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