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Il y a 80 ans, naissait le PPA…

«C’est un grand événement qui aura, sans doute, une grande résonnance en Algérie. C’est un enfant qui vient de naître. Chers frères, agissez de façon que sa naissance et son développement répondent à tous les objectifs pour lesquels il est né. Que Dieu le protège et fasse de lui le messager de l’indépendance de l’Algérie».

C’est en ces termes que le 11 mars 1937, Messali Hadj annonçait à Nanterre, en France, la création du Parti du Peuple Algérien (PPA). Un siècle et sept années séparent cette date de celle de l’invasion du pays par l’occupant français. Une longue période durant laquelle le colonialisme s’est appliqué à réprimer tous les mouvements de révolte. De l’Émir Abdelkader au cheikh Alheddad, en passant par Fatma N’Soumer et El Mokrani. Pour le colonialisme, les victoires militaires ne pouvaient suffire à assurer la pérennité de sa domination. Il lui fallait ôter aux algériens toute source de prise de conscience nationale collective, susceptible de susciter en eux le désir de militer, pour renverser l’ordre établi. Les réduire à l’ignorance et la misère se trouvait être le moyen le plus efficace. La colonisation du peuplement, l’expropriation systématique des populations et le code de l’indigénat demeurent, entre autres, les outils auxquels aura recours l’occupant français, pour maintenir et asseoir l’ordre colonial. 1937 demeurera une année charnière dans le processus de cristallisation du mouvement national et de la prise de conscience collective par rapport à l’indépendance du pays. Les années suivantes ne sont certainement pas moins importantes. Les événements de l’année 1937 sont les plus déterminants dans la marche vers l’émancipation. Le 9 juillet, le congrès musulman tient ses assises et essuie un échec. N’étant pas autorisé à y prendre part, Messali (PPA) critique violement tous les courants réformistes. Durant la même année, le parti participe aux élections municipales. Il est battu au second tour par le PCA (Parti Communiste Algérien), mais son score témoignait d’un véritable ancrage au sein du peuple. Cela lui vaudra une levée de boucliers généralisée. Sa politique anti-française est critiquée par tous les titres de presse, qu’il s’agisse de ceux appartenant à la puissance coloniale ou ceux des courants réformistes. Le nom de son leader est trainé dans la boue. Messali est arrêté le 27 août. Le même sort fut réservé à certains de ses compagnons de lutte, tels que Lahoual, Zakaria, Guérafa et Khalfa Ben Amar qui sont placés à Serkadji. Le 14 novembre, ils sont condamnés comme de vulgaires criminels de droit commun. Ils décident, alors, de faire une grève de la faim, et ce jusqu'à ce qu’ils soient transférés à la prison d’El Harrach. Paradoxalement, ces malheurs ne feront que renforcer l’image du PPA aux yeux des algériens. Preuve en est, Messali gagne largement les élections cantonales auxquelles il s’était présenté, alors qu’il était en prison. Le conseil de préfecture annulera l’élection, mais le poids électoral du PPA s’affirmera de nouveau en 1938. Deux candidats du parti sont élus conseillers municipaux, à l’occasion de ces élections municipales partielles. Côté courant réformiste, l’année 1938 est celle de la disgrâce pour le congrès musulman qui s’effiloche, donnant naissance à l’Union Populaire Algérienne de Ferhat Abbas et au Rassemblement Franco-musulman Algérien. La répression s’abat de nouveau sur le PPA. Des militants sont emprisonnés et certains périront même en prison durant la période, s’étalant de 1938 à 1943. Quelques temps avant le déclenchement de la 2ème guerre mondiale, plus précisément le 29 juillet 1939, le président français de l’époque, Albert Lebrun, décrète la dissolution du PPA. Un mois après, Messali est libéré, mais pas pour longtemps. En effet, il sera emprisonné de nouveau le 4 octobre. Le PPA venait de rentrer dans une phase de clandestinité. Le début de la guerre est fatal pour la France. Elle est dominée par l’Allemagne nazie qui installe à Vichy un gouvernement à sa solde. De ce fait, l’image de «la France invincible» est brisée dans la conscience populaire des algériens. Le débarquement à Alger des forces alliées, en novembre 1942, venues combattre le gouvernement de Vichy et l’Allemagne nazie, pousse Ferhat Abbas à reprendre l’initiative politique quelques mois après. Ainsi, en février 1943, il publia «Le Manifeste du peuple algérien», où il fait référence à l’un des fameux principes du président américain, George Wilson, à savoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, mais sans plus. Le manifeste en question se fixait comme ultime objectif une autonomie interne de l’Algérie. Ce n’est qu’après sa sortie de prison et une première rencontre avec Ferhat Abbas, puis une seconde, que Messali proposa d’ajouter un additif au manifeste. Cet additif stipulait qu’«à la fin des hostilités (2ème guerre mondiale-ndlr), l’Algérie sera érigée en un État algérien doté d’une constitution propre qui sera élaborée par une Assemblée algérienne constituante, élue au suffrage universel par tous les habitants de l’Algérie». En mars 1943, les français opposeront une fin de non-recevoir à cet additif. Plus tard, ce sera les «Amis du Manifeste et de la Liberté» (AML) qui fera porter la lame de fond indépendantiste. Les anciens du PPA y prennent part, de telle sorte que le 2 avril 1945 lors de la conférence centrale des AML, ils impulseront la substitution de la formule «République autonome fédérale à la république française» pour celle de la «Création d’un Parlement et d’un gouvernement algérien».

N. Maouche (source ladepeche de kabylie)

Tag(s) : #l'histoire
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