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En 2018, 145 affaires liées à l’émigration clandestine ont été traitées par les services de la gendarmerie d’Oran et 30 réseaux de passeurs ont été démantelés.

La reprise de la harga depuis les côtes oranaises vers l’Espagne ne fait plus aucun doute, elle qui a connu une certaine accalmie pendant trois à quatre mois dans le sillage de la révolution du 22 février. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que les réseaux sociaux se fassent l’écho du départ d’une nouvelle patera vers Alicante ou Almeria. Plages d’Oran, de Stidia ou de Ténès, grotte de Sidi Mansour, criques d’Aïn Témouchent, les harragas profitent de tous les rivages pour les transformer en plateformes de départ.
L’euphorie née après la chute de Bouteflika s’est vite muée en un sentiment de désespoir et d’injustice devant la mainmise de l’état-major de l’ANP sur le pouvoir réel et l’acharnement de l’appareil judiciaire sur les hirakistes et les militants démocratiques.

Outre ces deux nouvelles données, les raisons classiques sont toujours d’actualité entre un horizon bouché, un chômage endémique et des perspectives économiques sombres. De tous âges et de toutes conditions sociales, ils sont de plus en plus nombreux à être tentés par la traversée, surtout que ces derniers mois la météo a été plus que clémente. Il y a un peu moins de dix jours, huit jeunes ont pris la mer depuis Aïn El-Turck à bord d’un semi-rigide pour rallier, en cinq heures, San José, dans la province d’Almeria. Quelque 40 à 45 millions pour le prix d’une harga VIP qui fait de plus en plus d’émules.

De là, un réseau de passeurs conduit ceux qui le souhaitent en France ou ailleurs. Le phénomène est tel que même un ancien gardien de but de l’ASMO, l’autre club phare de la ville d’Oran, a rallié clandestinement l’Espagne à partir d’Annaba. Pour les moins nantis, il reste toujours l’aventure à bord d’embarcations en compagnie de 18 à 22 passagers avec tous les dangers inhérents à une traversée par mer pendant 15 à 18 heures.

Le renforcement des patrouilles en mer et des enquêtes sécuritaires sur terre ne semblent pas dissuader les candidats à l’émigration clandestine, et ce ne sont certainement pas les discours officiels qui y remédieront. Pour Mohamed Y., docteur en littérature française, ce phénomène ne peut pas se dissocier de l’actualité politique nationale, et tant que la défiance envers ce régime est toujours en vigueur, on assistera encore et encore à ces tentatives de harga.

Et malgré les morts et les disparus en mer, le désespoir prend le dessus pour envoyer des jeunes dans la gueule du loup. En effet, et même s’ils débarquent sur les terres ibériques, les harragas sont systématiquement refoulés vers l’Algérie pour ceux qui sont arrêtés par la police et la Garde civile. Pour les moins chanceux, leurs familles espèrent toujours recevoir des nouvelles, bien que nombre d’entre eux aient disparu depuis plus d’une année.

30 réseaux de passeurs démantelés en 2018
Pour rappel, deux réseaux de passeurs ont été démantelés par les éléments de la brigade de la Gendarmerie nationale de Gdyel ces derniers jours. Le premier groupe est composé de quatre individus dont deux ont été identifiés et sont activement recherchés. Parmi les personnes arrêtées, une femme d’une trentaine d’années, demeurant au quartier Medioni, à Oran, et sœur d’un fugitif établi en Espagne.

L’enquête a débuté à la suite d’un contrôle routier qui a permis aux gendarmes de saisir 360 litres d’essence lors de la fouille d’une Kia Picanto. La poursuite des investigations a permis aux enquêteurs de remonter la filière et de découvrir qu’il s’agit en vérité d’un réseau de passeurs qui achetait des embarcations pneumatiques qu’il revendait à des candidats à l’émigration clandestine. Par ailleurs, un deuxième réseau composé de quatre individus a été neutralisé par les gendarmes de Gdyel.

Une cinquième personne, considérée comme le cerveau du groupe, est actuellement recherchée par les gendarmes. Ce réseau a été démantelé à la suite d’une enquête diligentée par les gendarmes à la suite du naufrage, au large d’Oran, d’une embarcation transportant une vingtaine de harragas. Lors de ce naufrage, on a enregistré la mort d’un enfant de 10 ans.

En 2018, 145 affaires liées à l’émigration clandestine ont été traitées par les services de la gendarmerie d’Oran et 30 réseaux de passeurs ont été démantelés. 55 passeurs ont été écroués sur les 261 individus arrêtés et les gendarmes ont, dans le cadre de ce dispositif, saisi plus d’une centaine d’embarcations (55 bateaux pneumatiques et 51 barques en bois), 92 moteurs de différentes marques et 5 équipements de navigation.
 

Saïd Oussad (Source liberté)

 

Tag(s) : #Harraga
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