Medjahed Hamid “Je suis toujours debout et j’ai ma dignité !”
Rncontré en marge du Forum de Liberté qui avait accueilli Hamid Cheriet, dit Idir (le 2 décembre dernier), l’artiste Medjahed Hamid revient sur son état de santé et les rumeurs colportées par certaines mauvaises volontés, mais aussi sur ses projets et la situation de la chanson et de l’art en général. égal à lui-même, il continue d’inspirer l’art à son entourage et de s’inspirer de son public qui lui témoigne une grande admiration.
Liberté : Comment va Medjahed Hamid ?
Medjahed Hamid : Je m’attendais à cette question et je t’en remercie vivement. Je dis à mon grand public que Medjahed Hamid va très bien. Je leur dis que je suis toujours debout et j’ai ma dignité. Je leur dis que les informations distillées sur la Radio nationale et les coulisses sont fausses. Cela m’a fait très mal. Pendant deux ans, ils me souhaitaient un prompt rétablissement alors que je n’étais pas atteint d’une maladie incurable. J’avais une double hernie discale et je me suis fait opérer avant d’entrer en convalescence en Kabylie. Je suis totalement guéri grâce aux interventions, sur mon insistance, subies à l’hôpital Aïssat-Idir. J’en profite pour rendre hommage au professeur Ioualalene et à tout son staff pour la qualité des soins qu’ils m’ont administrés. Au risque de me répéter, je vais très bien et je suis toujours debout !
M. Medjahed, à l’état actuel des choses, comment voyez-vous l’art ? Je veux dire où va l’art en Algérie ?
L’art ne va nulle part ! C’est malheureux, mais c’est comme ça. Et la culture en général. Elle est manipulée et récupérée à des fins “khobzistes” et à des fins politiciennes. La culture a laissé place aux opportunistes, surtout dans le monde de la chanson à travers ce qu’on écoute et ce qu’on voit à la télévision.
Voyez-vous, il suffit d’un match de football pour faire éditer une cinquantaine de chansons et cela explique tout. Heureusement qu’il existe encore des volontés et des jeunes qui travaillent et qui produisent des choses merveilleuses. Quant aux “ventilateurs de l’été”, cela a toujours existé et existera toujours. C’est frappant. La preuve est que le public devient davantage nostalgique et réclame la qualité. On nous aime encore, c’est bien. Dans mon cas, j’ai été découvert en retard, mais j’ai travaillé pour le long terme pendant près de 15 ans.
Cela m’a permis d’avoir ensuite ma place méritée et parmi ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes en toute modestie pour plusieurs générations.
Qu’en est-il de vos sorties publiques, notamment en Algérie, en Europe et en Amérique ?
J’aurais été plus présent sur la scène si on me l’avait demandé. L’artiste doit être libre et sollicité. Dans le cas contraire, cela devient de l’aumône. Durant toutes les tournées et sorties publiques, j’ai toujours été sollicité. J’insiste, je n’ai jamais tapé à la porte de quelqu’un pour figurer dans un gala. Je travaille, je compose et j’attends qu’on m’appelle comme tout artiste qui se respecte. Y compris dans l’édition. Cela me prive et prive mon public, mais un vrai artiste est soulagé quant on le sollicite. C’est très important.
Avez-vous actuellement des projets ?
J’ai deux importants projets. Le premier avec Abdelmadjid Bali. Il s’agit d’un CD de chansons qu’on prépare pour la chanteuse Nouara. Nous sommes en plein travail. La chose sera bientôt ficelée. Il faut dire qu’un bon travail prend du temps. Donc, ce sera pour le début de 2015. Parallèlement, je prépare mon quatrième album. Je vais m’y mettre pour l’enregistrer. Je pense aller un peu vite et réduire l’orchestre afin de l’éditer en 2014. Cet album est composé de textes que j’appelle “le anciennes nouvelles chansons”. Car il y a des textes écrits il y a longtemps et que j’ai interprétés pour le grand public dans des sorties exclusives. Certains textes sont inhérents à la décennie noire et ont subi des ajustements dans les derniers couplets pour dire que l’artiste peut prévoir des choses à long terme. Le public peut en témoigner, ces textes sont très vieux, mais toujours d’actualité. J’ai même dû intervenir pour les effacer des réseaux sociaux. Il y a aussi des chansons d’amour que j’ai composées à l’âge de 20 ans !
Que conseillez-vous aux jeunes artistes d’aujourd’hui ?
Simplement de travailler et de se nourrir de son salaire et son effort, pas de la chanson. Il est vrai qu’il y a des tubes qui propulsent l’artiste, mais ça ne réussit pas à tous les coups. Les jeunes artistes sont conscients qu’ils ont tous les moyens, il suffit qu’ils les mettent en œuvre. Car, dans la majorité des cas, la survie basée sur la chanson mène à la facilité et la dérive au détriment de la personne et de l’art. Le chanteur doit avoir un public qui le respecte. Je n’ai jamais demandé à être une idole. Le respect me suffit.
Un dernier mot M. Medjahed sur votre présence au Forum de Liberté ?
D’abord, je suis content que votre journal soit près de ma maison. Liberté est un journal respectable. Je l’achète chaque matin. Ma présence à ce forum m’a permis de découvrir ce grand journal qui est Liberté, son staff et ses journalistes. Mais aussi de rencontrer des amis de longue date. Merci à tous.
Par Farid Belgacem