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3Les jeunes Algériens partent par centaines vers les côtes européennes à la recherche d'une liberté qu'ils ne trouvent pas en Algérie, avec ces bateaux de pêche de 4 ou 5 mètres qu'utilisent les harraga pour gagner l'Europe. Ils espérent se faire " une situation " mais combien comptent revenir ensuite ? Le sort de nombreux jeunes Algériens est dramatique. Ils se retrouvent, après de dures épreuves, devant deux choix difficiles : se résigner à vivre dans la précarité et le chômage en Algérie en attendant la concrétisation des promesses des responsables ou tenter la traversée dangereuse de la mer. Le phénomène de l’émigration clandestine devient ainsi de plus en plus préoccupant, alarmant. Annaba est en train de devenir la capitale algérienne des harragas.

Près d'une cinquantaine de corps sont repêchés chaque été. En majorité des hommes entre 20 et 30 ans. Combien sont partis ? Combien ont disparu ? Le harraga est en train de devenir un archétype d'une partie de notre jeunesse, et un des seuls cas aussi où il s'agissait d'un réseau de passeurs. En Algérie, le mythe du harraga continue de se répandre comme un phénomène à la mode ! En témoignent les chiffres qui ne cessent d’augmenter. C’est une crise, voire une tragédie nationale, un problème sérieux. La catégorie des 25-40 ans se retrouve dans une impasse, coincée, l’avenir elle est sombre, une hausse sensible du nombre de morts et de tentatives de traversée est nettement perceptible.

Il y a un fossé entre les jeunes d'aujourd'hui et la génération de leurs parents. Leurs parents avaient aussi des rêves d'émancipation mais ces rêves s'enracinaient dans une Algérie où il y avait plus de libertés, plus de mixité... aujourd'hui le rêve a changé d'endroit. Beaucoup de jeunes ont opté pour la harraga comme ultime solution. Une saignée supplémentaire qui s’ajoute à la fuite des cerveaux qui a déjà vidé le pays de son élite. Le chômage, la crise du logement, la cherté de la vie, la répression, piston, la corruption et l’absence de perspectives et de prise en charge sont autant de facteurs qui poussent la jeunesse à vouloir partir vers des horizons incertains.

Mais d’un côté comment vivre, en effet, sans papiers, sans ressources et sans travail dans des pays qui déploient de plus en plus de moyens pour lutter contre l’émigration clandestine ? La peur en ventre :l’expulsion n’est qu’une question de temps.

Ils ont décidé de partir. Parce qu'ils sont convaincus, qu'ils n'ont de courage que pour partir, incapables de supporter plus longtemps les humiliations. Même des pères de famille ont décidé de tenter le coup. En réalité, la question à se poser aujourd'hui n'est pas tant pourquoi, tant la réponse est claire.

Au lieu de s'attaquer aux causes profondes de cette malédiction et de trouver des réponses à ce mal qui mine notre pays, la seule réponse du pouvoir a été de pénaliser les harragas comme un bon pouvoir colonial qu'il est et qu'il mime dans chacune de ses actions. Le désespoir s'installe par la faute des gouvernants qui n'ont rien compris au drame des jeunes. Cette tragédie a commencé en fait avec l'accouchement de cette nation par la bande de brigands qui la tient depuis 1962 et même un peu avant par l'assassinat d’Abane Ramdane.


Mokrane NEDDAF    (source, kabyle.com) 

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