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N'ayant pas mis les pieds dans la ville de Tizi Ouzou depuis vingt ans, comment réagira un Tizi Ouzéen en revisitant la ville des Genêts après deux décennies?

Quelles traces, encore visibles, pourront-elles lui rappeler la ville où a éclos le combat identitaire amazigh et qui a abrité tant d'événements politiques et des matchs de football historiques aux grandes heures de gloire de la JSK. Quelles empreintes demeurent aujourd'hui pour pouvoir se souvenir de Tizi Ouzou d'il y a quelques décennies? Presque rien, à commencer par le carrefour du 20 Avril et le café «des Idebalen». Deux lieux qui étaient mythiques et qui n'existent plus. Tizi Ouzou a beaucoup changé au point de ne pouvoir rien ou presque rien offrir aux nostalgiques. Le temps a tout emporté. Des lieux et des hommes ne figurent plus au décor de l'âme d'une ville qui s'est complètement métamorphosée en si peu de temps.

 Il y a de quoi donner de l'inspiration à Abdelmadjid Meskoud pour composer une version d'El Assima, dédiée à la ville de Tizi Ouzou. L'artiste pourra ainsi s'interroger, sur fond de mélodie triste et nostalgique: «Où est le café d' El hemmam? Où est le cinéma l'Algéria, Où est la crèmerie Ahrès? Où est la Grande Rue, où est passée la gare routière? Que sont devenus le stade du 1er-Novembre et la JSK? Où sont Matoub Lounès et le Mouvement culturel berbère? Où est Belhanafi? Pourquoi on n'aperçoit plus Moh «l'Agneau», le célèbre mendiant qu'on croisait à chaque coin de rue et qui lançait, l'air mi-amusé mi-menaçant: «Donne moi cinq dinars sinon tu vas le regretter...»?»

La liste des ombres évanescentes qui hantent toujours Tizi Ouzou est longue, très longue. Des lieux et des hommes qui constituaient la sève de la ville de Tizi Ouzou restent vivaces uniquement dans certains esprits. Ces derniers représentaient tout le charme de cette cité qui a gagné certes en développement et en modernité mais au détriment de la simplicité absolue qui faisait que Tizi Ouzou n'était et ne pouvait guère être une ville comme les autres.Tizi Ouzou a certes, grandi.Les immeubles de toutes sortes ont foisonné aussi bien dans l'ancienne que dans la Nouvelle-Ville.

L'activité commerciale a connu un essor que personne ne pouvait prédire en 1994 au point qu'aujourd'hui, il ne reste même pas des ruines, aussi infimes soient-elles, pour rappeler la ville d'hier. Les nouvelles constructions ont tout avalé. Aussi amer que soit ce constat, il y a lieu de reconnaitre que la vie est faite ainsi: rien ne dure, ni les lieux ni les hommes. D'autres repères ont sans doute pris place dans ce coeur battant de la Kabylie. Mais aujourd'hui, le pauvre ne pourra pas manger gratuitement du couscous et du lait chez «Ahrès» comme hier. On ne pourra pas voir les résultats du Pari sportif sur un tableau du café «Idebalen».

On ne croisera pas Matoub Lounès aux alentours du quartier du Batiment bleu pour parler avec lui des mots et des maux de notre société. Le MCB n'affichera plus d'appels pour revendiquer un avenir meilleur pour tamazight. Et la JSK ne jouera pas la finale de la coupe d'Afrique au stade du 1er-Novembre et ne la remportera pas pour donner ensuite lieu à une grande explosion de joie dans les quatre coins de la ville. Et Moh l'Agneau, ce simple d'esprit si célèbre et estimé, qui n'est plus de ce monde, ne prédira plus l'avenir en vociférant et en déambulant inlassablement dans toutes les rues de la capitale du Djurdjura.

Par : Abdenour MERZOUK (Kabyle.com)

Tag(s) : #SOCIAL
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