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vrai ou faux !

vrai ou faux !

Sur décision de la justice, Mohamed Chouli était chargé de surveiller de près le détenu Hocine Aït Ahmed à la prison d’El Harrach. Quelques mois plus tard, il était désigné pour le faire évader. Témoignage exclusif.

«J’étais le surveillant et le gardien pénitencier rapproché de Hocine Aït Ahmed à la prison d’El Harrach pendant 8 mois, entre octobre 1965 et avril 1966. Je suivais de près sa vie. J’ai appris à cette période qu’une opération se préparait pour l’assassiner à l’intérieur de la prison. J’ai alors décidé de l’aider à s’évader. J’ai réussi à lui faire passer 7 portes de prison, chacune était gardée par un agent pénitencier.» Mohamed Chouli a 87 ans, il est natif de Douéra où il y vit encore aujourd’hui.

Plutôt discret, il a choisi El Watan pour revenir sur cet épisode crucial dans l’histoire d’une Algérie fraîchement indépendante. Aït Ahmed avait choisi l’opposition politique au sein de l’Assemblée constituante dès le lendemain de l’indépendance, en même temps que Mohamed Boudiaf et Krim Belkacem, notamment. Il avait fini par décider, en septembre 1963, de prendre le chemin de la résistance à partir de la Kabylie, mais il est emprisonné en octobre 1964.

Enveloppé dans sa robe de chambre, Mohamed Chouli nous reçoit chez lui, la tête couverte d’un bonnet et d’un keffieh, tandis que sa main gauche est couverte d’un gant pour atténuer ses douleurs rhumatismales. Insaisissable, il n’a jamais accordé d’entretien ni même livré son témoignage dans des livres d’histoire. Avant d’arriver à la prison d’El Harrach, il avait effectué un passage à Berroughia et Laghouat. Aujourd’hui, il accepte de dévoiler «certaines vérités» sur Hocine Aït Ahmed qu’il a côtoyé pendant presque 40 ans.

Mohamed Chouli — surnommé par Aït Ahmed et certains compagnons de guerre Abdelkrim ou Mohamed — a toujours préféré rester dans l’ombre. Il témoigne : «Aujourd’hui, j’ai décidé de dire certaines vérités. Il y a des livres d’histoire qui vont être contredits. Il y a des erreurs qui ont été dites. Aucun de ceux qui ont écrit des livres sur cette période de l’histoire ne m’a consulté. Il n’y a que des mensonges ou des semblants de vérité dits à demi-mot.» Chouli insiste que cette sortie médiatique n’est qu’un avant-goût et il promet de s’étaler profondément sur les 40 années qu’il avait passées avec le défunt Aït Ahmed.

Boumediène

Il raconte encore : «J’ai entendu et même vu des groupes qui préparaient l’assassinat d’Aït Ahmed parmi ceux qui étaient au pouvoir avec Boumediène. Je tiens à dire que le plan de son assassinat ne portait surtout pas la signature de Boumediène ou Ben Bella. C’est un autre clan qui voulait le tuer. J’ai donc décidé de le sauver de la mort.» Comment l’opération d’évasion a-t-elle été programmée et exécutée ? Chouli est avare de détails : «C’était le samedi 30 avril 1966, le jour de l’Achoura, que l’opération a été réellement entamée.

Dieu était avec nous. J’ai pu le sauver de la mort quatre fois. Deux à l’étranger, une à la prison d’El Harrach et la dernière lorsqu’il est rentré de son long exil. J’étais parti chez lui et je lui avais demandé de quitter le pays. Il était un prisonnier politique, c’est-à-dire qu’il était dans le quartier politique. Pas loin d’une autre cellule où étaient détenus une quarantaine de prisonniers politiques.

Aït Ahmed avait un repas de 20 DA qui était préparé par un prisonnier français, un cuisinier. Mais il n’ y avait jamais goûté. Il mangeait ce que sa famille lui apportait. Sa mère, son épouse Djamila et son oncle Saïd venaient quotidiennement et c’est moi-même qui étais chargé de la fouille. Ils y restaient jusqu’à une heure tardive. Je dormais tout près de sa cellule. On discutait de tout et surtout de la guerre.

Aït Ahmed aimait parler du «groupe des 6» ayant déclenché la guerre et qui s’étaient réunis à la villa de Saint-Eugène. Il aimait beaucoup lire.» Mais comme pour garder le suspense, Chouli s’interrompt : «Je vous raconterai plus tard comment il est sorti de prison et conduit au Maroc.» «Lorsqu’on s’est rendu compte à la prison qu’il n’y était plus, j’ai prétendu que je ne savais rien et tout de suite après j’ai aussi fui le pays et je ne suis rentré que dans les années 1980», dévoile-t-il encore . Pourquoi son nom n’a jamais été cité ? «Aït Ahmed n’a jamais cité mon nom.

Il a toujours nié mon existence pour me couvrir», explique-t-il. Cette année, Mohamed Chouli, pour le premier anniversaire de la disparition de Aït Ahmed, a prévu, sauf surprise, d’aller se recueillir sur sa tombe, faute de n’avoir pu assister à l’enterrement. «Je n’ai pas assisté à l’enterrement pour des raisons que je dévoilerai plus tard.» Mohamed Chouli nous promet d’autres révélations. Affaire à suivre… (source el-watan)

Tag(s) : #l'histoire
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