«Boumediène a tout fait pour éliminer la Plateforme de la Soummam, qui a de tout temps été manipulée par le pouvoir. On ne peut pas construire un Etat sur le mensonge», a martelé l’ancien leader du RCD.
En mai 1957, il y a eu le premier coup d’Etat algérien, car l’esprit de la Plateforme de la Soummam a été violé par Boussouf qui a décidé, sans organiser des assises, faire rentrer à la réunion du Conseil national de la Révolution algérienne, au Caire, des gens qui n’avaient rien à voir avec le CNRA, comme Boumediène», a déclaré, hier, Saïd Sadi, lors d’une conférence animée à la bibliothèque municipale de Boudjima, à 20 kilomètres au nord-est de Tizi Ouzou, et ce, à l’initiative de l’association culturelle Lyra.
L’ancien leader du RCD a, pour étayer ses propos, précisé dans le même sillage que Boussouf a exploité le différend qui existait entre Abane Ramdane et Krim Belkacem pour devenir le principal acteur de ce coup d’Etat qui a remis en cause des décisions du Congrès de la Soummam tenu le 20 août 1956 à Ifri Ouzellaguène, dans la wilaya de Béjaïa. «Jusqu’en 1956, l’autorité de Boussouf était vraiment insignifiante», a-t-il expliqué. «Le bilan politique et militaire a été adopté, tandis que l’esprit du texte de la Soummam a été violé.
C’est vraiment un paradoxe», a-t-il laissé entendre tout en revenant sur le contenu de ce document qui prônait la primauté du politique sur le militaire, de l’intérieur sur l’extérieur et qui a bien précisé que la Révolution algérienne n’était pas une guerre de religions. «Et pourtant, ce sont les structures du Congrès de la Soummam qui ont conduit la Révolution jusqu’à l’indépendance», a estimé l’intervenant.
Le détenu d’avril 1980 a également donné un éclairage important sur la condamnation des Berbéristes. «Le document de la Soummam condamne les Berbéristes au même titre que les Messalistes. C’était une erreur politique et une faute morale, car les Berbéristes n’étaient pas contre la Révolution alors que les Messalistes étaient violemment opposés au déclenchement de la guerre. Ils ont même été armés par la France.
L’histoire est utile car elle montre les erreurs à éviter», a-t-il expliqué. Par ailleurs, Saïd Sadi a souligné qu’il y a des tentatives de «polluer et de pervertir les symboles historiques de la Kabylie». Et ce, à travers, a-t-il soutenu, «une stratégie qui consiste à mutiler la racine d’un combat». «Boumediène a tout fait pour éliminer la Plateforme de la Soummam qui a de tout temps été manipulée par le pouvoir.
On ne peut pas construire un Etat sur le mensonge», a-t-il martelé avant de parler de la situation qui prévaut actuellement dans le pays. «Il y a le désespoir, la régression et l’effondrement moral de la collectivité, mais malgré les moyens déployés par le pouvoir pour pourrir la situation au peuple, il y a encore des gens qui combattent le champ institutionnel», a-t-il affirmé avant d’ajouter qu’avec «les 1000 milliards de dollars dépensés depuis l’arrivée de Bouteflika, on pouvait développer toute l’Afrique».
Par Hafid AZZOUZI (Source El-watan)