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BENJAMIN STORA, HISTORIEN, À L'EXPRESSION "Les soldats français ont cautionné les assassinats"

L'Expression: Qui est Ben M'hidi, cet homme inconnu de la génération actuelle et qui pourtant est indissociable de l'Histoire contemporaine algérienne?

Benjamin Stora: Larbi Ben M'hidi est une tête politique de la révolution algérienne. Il est plus dans l'organisation politique et stratégique de la guerre de libération que sur le terrain des combats quoiqu'il était également un homme d'action. Il faut dire que Ben M'hidi a connu et a vécu le processus de naissance du Mouvement national indépendantiste avant d'entamer sa révolution, laquelle a été dotée ensuite d'une direction politique et militaire, chapeautée par un Gouvernement provisoire. Cela dit, Ben M'hidi est l'un des piliers fondamentaux de la révolution algérienne qui ont donné et conduit cette dernière. C'est un homme qui s'est nourri d'une instruction intellectuelle et artistique avant d'embrasser les idées du Mouvement national. D'abord, il a eu, fin des années 1930 un certificat d'études et il a fait également du théâtre et du scoutisme. Et il rejoint le Parti du peuple algérien (PPA), puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld) et ensuite un cadre incontestable de l'Organisation spéciale (OS). Enfin, le Front de Libération nationale (FLN) dont il était un des membres fondateurs. Ben M'hidi n'était pas n'importe qui! Il avait déjà tout un parcours, il n'était pas un étranger au Mouvement national et à la guerre de libération et non plus aux Français, en colonisation. Il a été un grand homme, mais surtout un grand dirigeant de la direction politique du FLN, ensuite au côté de Abane Ramdane, notamment depuis le congrès de la Soummam. A eux deux, la direction politique du FLN était solide et avait sa force contre les militaires, notamment se trouvant de l'autre côté des frontières!

Imaginons que Larbi Ben M'hidi n'ait pas été assassiné avant l'indépendance?
Ça ne s'imagine pas. On ne peut pas imaginer de telles choses mais s'il avait vécu, plein de choses auraient été évitées. De plus, la direction politique ne serait pas tombée devant l'Armée aux frontières et Abane Ramdane ne se serait pas retrouvé isolé et assassiné, peut-être. Larbi Ben M'hidi et Abane Ramdane étaient les têtes politiques de la direction du FLN.

Le colonel Jacques Allaire, à l'époque lieutenant, qui avait arrêté Larbi Ben M'hidi en 1957, avait déclaré dans son témoignage que Ben M'hidi était un seigneur et il lui avait même présenté les armes?
Oui, il en a parlé, et il en a fait ses confessions, mais quand? 50 ans après... Et puis comment expliquer que des soldats ne se soient pas opposés à l'assassinat de Larbi Ben M'hidi. Je ne comprends pas comment on lui présente les armes puis on l'assassine. Les militaires ne se sont jamais opposés aux pratiques qui se faisaient, notamment durant la bataille d'Alger. C'était le silence, il y avait comme militaire uniquement le général de La Bordière, qui avait dénoncé les horreurs qui se pratiquaient et il avait dit «Non à la répression!».

L'ancien président, François Mitterrand, était alors ministre de la Justice et un chantre des droits de l'homme qui a donné son accord pour l'assassinat de Ben M'hidi. Comment expliquez-vous cette position?
Quoi, Mitterrand? Il était rien en ces moments-là! C'était l'armée qui avait le pouvoir. L'assassinat de Ben M'hidi a certes constitué en France un grand scandale, mais c'était l'armée seule qui décidait.

Par .(source l'expression)


 

Tag(s) : #HISTOIRE
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