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 Le chanteur a tout le temps ÉTÉ interdit à la télévision La renommée malgré la censure

La censure adoptée contre l’artiste n’a pas eu l’effet escompté. Elle lui avait, au contraire, laissé le champ libre pour conquérir son public, le combler, car, si aujourd’hui, il est encore adulé et aimé, c’est parce qu’il avait choisi d’être ce qu’il était.

Journée de recueillement, aujourd’hui, en ce 20e anniversaire de l’assassinat de Lounès Matoub. Deux décennies après sa tragique disparition, sa popularité est restée intacte. Ni les vicissitudes du temps ni les tentatives de domestiquer le Rebelle n’ont pu altérer sa célébrité.
Le barde reste une icône que même ceux qui sont nés bien après sa mort l’adulent. Une notoriété qu’il a acquise loin des feux de la rampe officiels, loin des caméras de la télévision, loin des micros des radios publiques, loin des colonnes des journaux, mais aussi bien avant la démocratisation des nouvelles technologies de communication.
Lounès Matoub n’a pas connu les réseaux sociaux, encore moins les télévisions privées, lesquelles, toutes proportions gardées, pouvaient, si elles avaient existé il y a 20 ans, le médiatiser et accompagner son ascension. Rien de tout cela. Lounès n’en avait pas besoin. Il avait mieux. Il avait son œuvre pour le porter là où il est actuellement. Ni la censure qui l’avait frappé durant toute sa carrière, encore moins celle d’aujourd’hui qui tente de le “réinventer” ne peuvent rien devant ce phénomène nommé Lounès Matoub. Dès ses débuts dans la chanson, à la fin des années 70, jeune qu’il était, Lounès n’a jamais connu les médias. Son choix pour le combat identitaire et les droits de l’Homme avait fait de lui une persona non grata dans les médias publics. Cette censure qui l’avait accompagné depuis ses débuts l’a poursuivi même lorsqu’il a atteint les sommets de la gloire artistique. Témoin de son temps, comme il aimait à se définir, Lounès Matoub fut ignoré par la presse de l’époque. Aucune image du défunt artiste n’existe dans les archives de l’Unique, sauf celles censurées bien entendu, où il assistait à un match de la JSK aux côtés du staff technique du club du Djurdjura, filmé par mégarde, dirions-nous. Ni émission, ni reportage, ni émission de radio, ni écrit de presse n’étaient consacrés à ce phénomène artistique qui a su, en l’espace de quelques albums, se placer parmi les artistes les plus populaires de Kabylie et même de tout le pays. La notoriété de l’artiste, qui s’était confirmée durant les années 80 et 90, n’avait rien changé à sa situation. La censure l’a condamné pour l’éternité. Ni la fusillade qui l’avait ciblé en octobre 88 ni son enlèvement en 1994 n’ont fait réagir les médias officiels, si ce n’est les quelques titres de la presse privée qui en ont fait de grosses manchettes. Son lâche assassinat a, en revanche, fait réagir de grandes personnalités mondiales et des médias étrangers. La censure adoptée contre l’artiste n’a pas eu l’effet escompté. Elle lui avait, au contraire, laissé le champ libre pour conquérir son public, le combler, le fidéliser, car, si aujourd’hui, il est encore adulé et aimé, c’est parce qu’il avait choisi d’être ce qu’il était, loin des artifices médiatiques, loin des gloires préfabriquées et loin des manipulations.

Mohamed Mouloudj ( Source liberté)

Tag(s) : #CULTURE
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