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 Nacer Djabi, sociologue, à propos du phénomène de la “harga” “Les raisons qui poussent les Algériens à fuir le pays sont multiples”

Liberté : 562 harragas algériens ont été interceptés depuis le 16 novembre près des côtes espagnoles. Auparavant, 45 autres harragas interceptés près des côtes libyennes ont été remis, hier, par les services de sécurité de ce pays voisin à leurs homologues algériens. Comment expliquez-vous l’ampleur prise par ce phénomène ?

Nacer Djabi : D’abord, il y a l’amélioration des conditions météorologiques en Méditerranée qui encourage, ces jours-ci, l'immigration illégale en raison des moyens rudimentaires utilisés (embarcations de fortune, ndlr). Outre ce facteur, il y a de profondes raisons qui font que l'Algérie est fuie par les pauvres et les riches, les petits et les grands, les hommes et les femmes, et même les enfants comme nous l'avons constaté dernièrement. Le pays est devenu oppressant. Une grande partie d’Algériens (selon certaines estimations, plus de 25% ont l'intention réelle d'émigrer et ce pourcentage serait  plus élevé chez les jeunes).
Nous sommes donc devant une sorte de désespoir qui fait que l'Algérien n'imagine pas rester dans son pays pour y vivre, fonder une famille et nourrir un projet professionnel. Bien sûr, la situation n'est pas uniquement liée aux aspects économiques. Il y a des raisons profondes liées à la qualité de vie et au refus de mener à bien les projets de notre vie en Algérie. D’autres raisons peuvent être ajoutées, comme la situation politique. La flambée de la migration peut-être, ainsi, liée au danger imminent qu’appréhendent les Algériens, un peu comme pour les oiseaux et les animaux qui quittent leur lieu de vie parce qu'ils ressentent l'arrivée d'un danger s’ils ne quittent pas le lieu. J'espère que cela ne sera pas une réalité dans le cas de l'Algérie.

Le phénomène n’épargne pratiquement aucune catégorie de la société, y compris des universitaires. Quelles en seraient les raisons ?
Chaque catégorie a ses propres raisons. Le pauvre émigre dans l’objectif d’améliorer sa situation économique. Le riche c’est parce qu'il veut mieux vivre. L'apprenti pour exprimer et réaliser ses ambitions dans une société indulgente, c’est le cas des personnes qui partent actuellement au Canada, même à l’âge de cinquante ou soixante ans.
Ce type d'émigration confirme que l'Algérie vit une crise profonde qui fait que ses citoyens partent dans tous les cas, indépendamment de leur situation économique et de leur niveau d'éducation.

Quelle parade pour freiner la “harga” ?
Il n'y a pas de solution miracle pour convaincre l'Algérien de rester dans son pays. Le convaincre pour réaliser ses ambitions, nourrir un projet professionnel et y fonder une famille, sont des choses qui semblent simples certes,  mais qui sont, hélas, devenues difficiles dans le cas de l'Algérie.
Il faut changer beaucoup de choses, y compris ce qui concerne la situation économique et l'élimination de la corruption et de la bureaucratie et améliorer la qualité de l'éducation, de la santé, de la vie, etc. En résumé, il faut un projet ambitieux pour convaincre les Algériens de rester en Algérie.

Entretien réalisé par : Farid A. (source liberte)

Tag(s) : #Harraga
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