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 Ils sont nombreux à passer l’hiver dans la rue SDF : survivre dans le froid à Tiaret

Récupérée dans la rue, à Sougueur, une jeune fille de 23 ans décède à l’EPH où elle a été admise.

à Tiaret, comme ailleurs, il est des situations angoissantes, déplaisantes et inexprimables qui bouleversent le cours naturel du vécu de certaines franges de la société, notamment les sans-abri, ces êtres qui, pour un mobile ou un autre, sont perpétuellement figés au miroir de l’acte et du silence.
Une réalité amère qui donne souvent des frissons et qui interpelle aujourd’hui la société en général et les pouvoirs publics en particulier à intervenir en urgence afin de leur redonner leur identité et leur dignité en instaurant un espace de confiance et de sécurité. Ayant généralement essuyé un contrecoup quelconque plus ou moins lointain, voire une rupture ou une séparation du tissu familial, un divorce, la perte des parents ou la perte de l’emploi…, ces derniers, à plus ou moins brève échéance, ont trouvé leur épilogue dans la rue. Ils y vivent au jour le jour, ce qui suppose l’absence de lendemain car demain ne sera jamais l’avenir mais l’heure qui suit. Venue de Meghila, des profondeurs du nord de la wilaya, Nacéra, âgée de 28 ans, a fui les querelles familiales pour trouver son gîte en face du siège de la DCP, à la place des Martyrs. Ancienne pensionnaire du centre spécialisé de rééducation (CSR) Ali-Maâchi, elle estime avoir choisi cet endroit, non loin du commissariat de la police judiciaire, par mesure de sécurité. “Je suis consciente que la rue ne pardonne pas mais je n’ai malheureusement pas le choix entre cette situation et le calvaire atroce que j’endurais chez moi”, dit-elle non sans laisser couler ses chaudes larmes. Au passage, autant rappeler que la ville de Sougueur a enregistré, ces derniers jours, le décès pour le moins suspect d’une jeune fille de 23 ans, récupérée dans la rue pour son admission à l’EPH d’où elle ne sortira que pour le cimetière. Pour revenir à Tiaret, le cas de Zohra, âgée de 45 ans, suscite beaucoup d’interrogations quand on sait qu’elle est, tout comme la première citée, perpétuellement exposée à des risques tant humains que climatiques. D’ailleurs, elle n’a dû son salut qu’à l’intervention des bénévoles et des bienfaiteurs qui l’ont soutirée d’une mort certaine, il y a quelques années, en l’évacuant à la maternité où un fibrome de 11 kilogrammes lui a été extrait. Quelques mois après son intervention, une de ses compagnes, n’ayant même pas atteint l’âge de 20 ans, devait succomber car atteinte du sida. Sur l’autre flanc de la ville, on retrouve deux hommes, habitués de la rue depuis des années, Moussa Moussa et un autre dont l’identité n’est pas connue, qui s’installent quotidiennement en face de la mosquée Saâd-Ibn-Mouaâd, à Volani, pour le premier et en face du siège de la sûreté de wilaya, exactement à proximité de l’école Kaouch-Djillali, pour le second. Durant l’hiver dernier, ils étaient une trentaine, dont 9 femmes, 4 enfants et 13 hommes à subir les affres de la rue durant toute la saison hivernale.

Fermeture inexpliquée du Samu social
Les femmes et les enfants ont été orientés chaque soir vers le Samu social, ex-siège de la DAS et les hommes vers le foyer pour personnes âgées et handicapés. Cette année, le comble a atteint son paroxysme quand on sait que ce Samu social est fermé par le directeur de l’action sociale pour des raisons inexpliquées. Un établissement pourtant équipé de chauffage par le comité local du Croissant-Rouge algérien auquel s’est joint une louable action d’un bienfaiteur qui l’a doté de 26 lots comprenant chacun un lit, un matelas, un traversin et deux couvertures, 13 échelles de lit et 7 chauffages à bain d’huile. Dès lors, autant s’interroger sur le mobile de la fermeture de ce centre et le devenir de ces équipements. Cependant, dans le cadre du dispositif portant sur l’assistance et la prise en charge des personnes sans-abri, notamment en ces moments de froid, des sorties nocturnes de solidarité ont été organisées ces derniers jours, comme durant la dernière saison hivernale, par les services de la sûreté de wilaya de Tiaret en collaboration avec les bénévoles du Croissant-Rouge algérien. Ces derniers sillonnent toutes les artères de la ville pour rencontrer les sans domicile fixe auxquels des repas chauds et des couvertures sont remis. Selon un responsable du CRA, trois personnes refusent toujours, et depuis belle lurette, leur évacuation vers un endroit décent. Notre interlocuteur a précisé que plusieurs correspondances, ont été transmises vainement en vue de solliciter l’intervention des services de santé publique, notamment ceux de santé mentale. “Il s’agit de gens qui défient le climat et qui risquent le pire, voire une hypothermie, que nous n’arrivons pas à convaincre de rejoindre les auspices”, nous dira-t-il en insistant sur “l’intervention immédiate des services cités”. Toutefois, d’autres actions sont entreprises par les cellules de proximité de la DAS et les associations caritatives qui s’impliquent dans ces opérations humanitaires en distribuant des effets vestimentaires, des couvertures, des repas chauds et autres durant les moments de froid dense. Par ailleurs, et pour conclure, nous considérons que la richesse d’une vie ne réside pas dans un corps agonisant mais dans une âme, un esprit, et surtout un souffle que chacun de nous doit protéger contre l’envie et la haine pour engendrer l’espoir, car la vie ne peut avoir de sens que dans l’amour et le respect des autres.

R. SALEM ( Source Liberté)

Tag(s) : #SOCIAL
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