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Dr Saïd Chemakh. Enseignant au département de langue et culture amazighes de l’université Mouloud Mammeri «Une fête inscrite dans la société»

- Pouvez-vous nous parler de la symbolique de Yennayer ?

La fête de Yennayer fait partie du calendrier agraire en usage chez toutes les populations sédentaires en Afrique du Nord. Elle existe depuis la haute Antiquité. Elle correspond, d’ailleurs, au nouvel an du calendrier julien, qui était en vigueur dans toute la Méditerranée. Etant dans l’ensemble géopolitique musulman, les populations nord-africaines n’étaient pas concernées par la réforme du pape Grégoire XIII, en 1582.

Nous ne sommes pas le seul peuple à avoir gardé Yennayer comme nouvel an. La Russie n’a adopté le calendrier grégorien qu’en 1918 et la Grèce en 1923. Les Berbères, qu’ils soient berbérophones ou arabophones, ont toujours fêté le début de Yennayer comme étant une des portes de l’année.

- Quelle lecture faites-vous de l’officialisation du Nouvel An amazigh ?

L’officialisation de cette fête participe à l’intégration de l’Etat officiel dans la société qui en est son émanation. L’Etat a intégré le 1er janvier, jour de l’an universellement admis, et le 1er Moharram, jour de l’an musulman, il est tout à fait normal qu’il intègre une fête comme le jour de l’an amazigh, car en plus d’être une tradition, c’est une fête inscrite dans la société depuis plusieurs millénaires.

- La célébration de cette date sera-t-elle, selon vous, désormais différente de celle des années précédentes ?

La différence de la célébration de cette fête avec les années précédentes est dans cette partie de l’histoire et du vécu réel et sociétal amazighs qui sont désormais consacrés. La question n’est pas que la journée soit chômée et payée, mais qu’elle soit reconnue institutionnellement comme fête de tous les Algériens. Il s’agit d’une réconciliation de la culture officielle avec la culture vécue effectivement par la société.

- Quelle était, selon vous, la place de la revendication de l’officialisation de Yennayer dans le combat identitaire ?

Personnellement, je suis heureux de cette consécration, mais j’attends encore plus de l’Etat, à savoir le vote d’une loi organique pour la création de l’académie de la langue amazighe et la généralisation de son enseignement à travers tout le territoire national.

Enfin, tout ce qui peut contribuer (enseignement, nouvelle technologie…) à ce que tamazight ne disparaisse pas dans 20 siècles est le bienvenu, surtout lorsqu’on sait que, selon le rapport de l’Unesco 2009, la moitié des langues en usage dans la planète sur les 6000 qui existent, vont disparaître d’ici 2050. Tout ce qui peut aider à la sauvegarde de la tamazight doit être capitalisé. 

Hafid Azzouzi ( source El-watan)

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