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Parmi les décideurs, il y a un consensus qui n’a jamais réellement été rompu : offrir à Abdelaziz Bouteflika une présidence à vie. Il semble que ce consensus va servir de trame à l’écriture du scénario retenu pour avril prochain.

à trois mois de l’élection présidentielle, le flou qui entoure la scène politique algérienne commence à se dissiper. Si personne, y compris au sein des partis du pouvoir, ne connaît la réalité des intentions actuelles du chef de l’État, il apparaît clairement que l’élection se tiendra dans les délais constitutionnels. Puis, parmi les décideurs, il y a un consensus qui n’a jamais réellement été rompu : offrir à Abdelaziz Bouteflika une présidence à vie.
À l’approche des délais réglementaires pour la convocation du corps électoral pour la présidentielle d’avril prochain, toute la classe politique est suspendue à une hypothétique annonce de la présidence de la République. Jusqu’au sein des partis de “la majorité présidentielle”, tout le monde semble être dans “l’attente” d’une candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un nouveau mandat présidentiel qui mettra l’actuel chef de l’État sur la longue liste des hommes qui ont décidé de mourir au pouvoir. Mais dans cette attente qui se prolonge, des proches du chef de l’État donnent l’impression de s’impatienter. “Nous sommes en train d’attendre”, affirmait Ahmed Ouyahia, le 29 décembre dernier. “Nous respecterons toute décision qui sera prise par le président de la République”, a indiqué, en écho, Moad Bouchareb, secrétaire général du FLN. Amar Ghoul, qui a fait de la tenue d’une conférence nationale de consensus un sacerdoce durant près d’un mois, joint sa voix au chœur en vogue dans les sphères du pouvoir. Le président de TAJ a insisté, lui aussi, sur l’appel lancé au chef de l’État pour se représenter à la magistrature suprême.
S’il n’a rien dit de ses intentions par rapport à l’élection d’avril prochain, Abdelaziz Bouteflika — ou son entourage ­— a adressé plusieurs messages à la classe politique ces derniers temps. Il a notamment envoyé un discours virulent lors de la rencontre entre le gouvernement et les walis où il accusait des parties qu’il n’a pas nommées de réduire “les enjeux du présent et de l’avenir” au “changement et à la succession des responsables et des personnes” et d’entreprendre “pour des raisons obscures” de “propager cette idée”. Dans le même sillage et comme pour s’inscrire dans la durée, Abdelaziz Bouteflika — ou son entourage — écrit que “nous nous apprêtons, dans l’étape à venir, à aller vers un processus dont les enjeux sont le défi de la qualité, l’efficacité économique et l’intégration du développement durable”. Ce discours a été conforté, dimanche, par un long communiqué du ministère de la Défense nationale où l’institution militaire fait mine de ne pas se mêler de politique. Un discours de neutralité que beaucoup ont interprété comme un quitus donné à l’actuel chef de l’État dans sa quête de demeurer au pouvoir dans les mois à venir.
Si tous savent que le seul handicap qui peut empêcher Abdelaziz Bouteflika d’aller au bout de sa logique est son état de santé, personne n’ose se hasarder à faire une quelconque annonce à sa place. L’ancien secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, a été évincé en partie à cause d’une maladresse liée à l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle de 2019. L’annonce, faite lors d’une rencontre à l’APN, avait été reprise par une bonne partie de la presse mondiale. Le concerné a fait un rétropédalage en rappelant que “le dernier mot” revenait au concerné lui-même. Mais sans succès.

L’appareil de l’État en branle
Pour éviter de subir les foudres du palais, Moad Bouchareb a vite fait de démentir une information diffusée sur le site internet de son parti, indiquant, entre autres, qu’Abdelaziz Bouteflika sera le candidat du FLN pour avril prochain. Il s’agit visiblement d’un vieux message qui remonte à janvier 2014. Mais là encore, la missive est attribuée à l’actuel coordinateur national du vieux parti. Ce dernier a été sauvé par le maintien de l’ancienne date du message.
Pour remettre sur la table une nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika, des promoteurs de “la continuité” se sont mis en action. Ainsi, Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l’UGTA, qui fait office d’un des éléments les plus zélés dans leur soutien au chef de l’État, a lancé une sorte de campagne à partir d’Oran. Son idée était de “faire gagner” le chef de l’État avec “un large score” lors de la prochaine élection présidentielle. L’homme n’est pas à sa première salve. Mais son insistance laisse croire qu’il était porteur d’un message de la part de proches d’Abdelaziz Bouteflika.

Un seul objectif, beaucoup de subterfuges
Si l’option d’un cinquième mandat présidentiel pour Abdelaziz Bouteflika a été un temps mise entre parenthèses, elle n’a jamais été réellement abandonnée. Dans les cérémonies officielles, comme dans les discours des dignitaires du régime, les portraits du chef de l’État se sont imposés peu à peu dans le paysage, comme pour faire oublier une absence physique du chef de l’État. À ces représentations iconographiques, appuyées par des discours panégyriques qui attribuent au chef de l’État des réalisations parfois anecdotiques, s’ajoutent ainsi des décisions économiques qui ont même fait dans le déni des réalités économiques du pays. L’annulation de toute taxe, le maintien des subventions publiques sur les produits de première nécessité, malgré les aveux faits par le gouvernement lui-même sur leur inefficacité, et le recours massif à la planche à billets sont des signes que les décideurs sont prêts à tout pour faire durer le chef de l’État à son poste au-delà d’avril prochain. Même des observateurs du Parlement européen ont interprété ces décisions comme une volonté du chef de l’État de se maintenir au pouvoir.
Pour vendre cette option, la machine de propagande du système commence à faire son œuvre. Certains expliquent qu’à cause de l’absence d’un consensus autour d’un nouveau candidat du système, Abdelaziz Bouteflika est un choix par “défaut”. D’autres avancent que “Bouteflika se sacrifie” pour le pays. Une manière de dédouaner le locataire d’El-Mouradia qui a toujours rêvé d’un seul chemin : celui qui mène d’El-Mouradia à El-Alia.


Ali Boukhlef ( Source liberté)

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