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Abane.pngAujourd'hui que l'ordre politique, social et culturel, enregistre une sorte de cafouillage qui fait perdre à la jeunesse les repères les mieux ancrés, l'Algérie a, sans aucun doute, besoin plus que jamais de convoquer et de revivifier l'image et le nom de Abane Ramdane.

 

L'architecte de la révolution de novembre, qui a donné les assises institutionnelles et organisationnelles à la guerre de Libération nationale un certain 20 août 1956, constitue immanquablement une référence pour nos chemins brouillés et pour nos mémoires faiblies. Dans cet environnement où, chaque jour, sont remis en cause les principes et idéaux qui ont fondé la lutte pour la libération du peuple algérien, la mémoire de Abane doit venir au secours des idées farfelues, courtes et stéréotypées qui risquent de plonger dans le nanisme le noble projet de la plate-forme de la Soummam. Cette plate-forme ne s'est pas contentée de procéder à la répartition géographique des wilayas historiques, de leur désigner des chefs militaires et civils et d'organiser les tâches et les missions des militants de l'intérieur et de l'extérieur; elle est allée plus loin, en définissant le caractère républicain et social du futur État algérien.

 

Un État où, suite à la communauté de destin de tous ceux qui ont lutté contre l'ordre colonial, il ne sera pas établi de distinction entre les citoyens sur une base religieuse, ethnique, linguistique ou autre. Abane a été le catalyseur de toutes les forces nationales du moment. Il a été le seul à même d'intégrer les communistes, les Oulémas et les libéraux au combat déjà engagé depuis plusieurs mois par le Front de libération national. Cette diversité politique- certes, vécue individuellement au sein du FLN- donnait espoir à ce qu'elle évolue, après l'indépendance du pays, en un pluralisme politique en bonne et due forme. Il n'en sera malheureusement rien, puisque le pouvoir de Benbella, installé de force après la mise à mort du gouvernement provisoire, a ouvert la voie à l'autocratie et à la pensée unique. 56 ans après son assassinat par ses frères d'armes, Abane Ramdane continue à servir de référence à tous ceux qui ont à cœur de défendre les valeurs humaines et sociales du mouvement national et de la révolution, et de prolonger le combat pour l'inscrire dans les valeurs de la citoyenneté et de la démocratie.

 

 L'image de ce grand homme ne cesse non plus de hanter et de faire vivre dans la mauvaise conscience tous ceux qui ont perverti les valeurs de novembre en installant la jeunesse algérienne dans une posture de médiocrité, de peur, de complexe vis-à-vis de tout ce qui est algérien et, enfin, dans une posture de rébellion permanente face au désordre établi. L'on remarque que, près de soixante ans après la liquidation physique de Abane, l'écriture de l'histoire continue à souffrir de non-dits, des blancs et de confusion bien entretenue, et ce, malgré la liberté d'expression acquise de haute lutte avec l'explosion d'octobre 1988. Il est vrai que la statue de Abane trône sur la place centrale de Larbaâ Nath Irathène et que sa maison natale à Azouza a été déclarée musée.

 

 Mais, le combat de l'homme de la Soummam mérite encore d'autres hommages, particulièrement ceux qui serviront à la véritable écriture de l'histoire. Car, au cours de ces dernières années, combien d'anciens responsables au sein des organes de la révolution, aigris par une ambition démesurée demeurée insatisfaite, se sont permis graves écarts à propos de la personnalité de Abane. Des mémoires complaisants, des confessions édulcorées et des déclarations à la limite de la décence ont eu cours depuis plus d'une dizaine d'années.

 

 Certaines de ces tentatives de façonner l'histoire à sa guise ont voulu porter atteinte à l'enfant de Azouza et de renier le congrès de la Soummam. C'est pourquoi, aujourd'hui la vigilance est de mise. C'est maintenant que notre pays a besoin justement de ce "moral d'acier", sachant que le climat politique et sécuritaire du voisinage immédiat de l'Algérie invite à revisiter notre histoire récente et lointaine afin de nous prémunir contre tout aventurisme mortel.

 

Amar Naït Messaoud

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