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Bessaoud Mohand Aârav : 10 ans déjà !
sam, 2011-12-24 20:13 -- Mokrane NEDDAF

Mohand Aarav bessaoudLe fondateur de l’Académie berbère crée à Paris en 1966 est aussi ancien capitaine de l’ALN. Le père de l’ACB s’est exilé en 1965 après avoir pris part au maquis du FFS en 1963. Son exil a duré 33 ans. C’est en 1998 qu’il revient pour la première fois au pays, fatigué et malade.

Marié à une anglaise, Bessaoud Mohand Arab n’est pas resté longtemps au pays et depuis 1998, il a fait plusieurs déplacements avant que la maladie n’ait eu raison de lui. Il a été admis dans un hôpital en Angleterre, avant de rendre son dernier souffle le premier jour de l’an 2002. La majorité des animateurs du mouvement berbère ont eu l’occasion de connaître Bessaoud Mohand Arab durant son exil.

Une force de résistance

Natif à Tagemmunt n Lejdid (1924) dans la commune des Ouadhias, Bessaoud Mohand Aârav a eu un parcours militant politique aussi culturel. Il a d'abord exercé le métier d'instituteur dans sa région natale avant de rejoindre le PPA. Dès le déclenchement de la révolution il rejoint le FLN et l'ALN.

En 1955 il est nommé responsable de liaisons de la wilaya III, par Krim Belkacem et en janvier 1955, puis responsable des liaisons pour la Kabylie avant d'accéder rapidement au grade d’officier. Bessaoud activera en Wilaya III (Kabylie) puis dans l’Algérois avant de partir au Maroc.

 

L'Académie Berbère : l'unité des esprits au service de la réhabilitation de l'identité amazighe

Exilé en France, il crée en 1966, avec un groupe d’intellectuels dont, Taos Amrouche et de autres militants berbéristes, l’Académie berbère, association qui cristallisera les énergies militantes en faveur de la cause identitaire et contribuera à l’éclosion d’une conscience et à éveil revendicatif pour la reconnaissance de l’identité et la culture amazighes.

Bessaoud Med Aârav assurait les fonctions de secrétaire et responsable de l’association. L’Académie berbère avait été durant une dizaine d’années le rendez-vous de toute une génération de militants amazighs mobilisés pour la défense et la réhabilitation de l’identité amazighe dans les pays de d’Amazighité (Afrique du Nord). Aujourd’hui, nous pouvons dire que cette Académie a rempli sa mission avec succès.

Face aux menaces et aux pressions incessantes sur l’immigration Kabyle par l’Amicale des Algériens en Europe, cordon ombilical du néo FLN, les militants de l’Académie ont accompli avec courage et acharnement leur tâche.

Aujourd’hui l’alphabet Tifinagh est officiellement utilisé dans les écoles pour l'enseignement de la langue amazighe au Afrique du nord Grâce à ce travail militant, les Amazighs se sont réappropriés leur mémoire et leur identité commune qui s'étend de l'Egypte jusqu’aux Iles Canaries.

Les autorités françaises, pressées par Boumediene, contraignirent Bessaoud Mohand Aârav à quitter le territoire français

Le travail de Bessaoud en France a eu un écho favorable en Kabylie, et c’est grâce à cette prise de conscience que nous verrons plusieurs événements en Kabyle qui confirme l’éveil du peuple amazigh, comme les incidents de la fête des Cerises en 1974 à Larbâa Nath Iraten, en 1977 au stade du 5-juillet à la Capitale Alger, mais surtout le Printemps amazigh d'avril 1980 en Kabylie. En 1978, les autorités françaises, pressées par Boumediene, contraignirent Bessaoud Mohand Aârav à quitter le territoire français.

Il s’installera en Angleterre il épouse Dorothy Bannon une anglaise qu’il a connu en France et auront un fils appelé «Juba ».

 

Une oeuvre gigantesque pour la cause amazighe

En exil, Bessaoud reste en contact avec le développement du combat en Kabylie. Jusqu’à son retour au pays en 1998. Bessaoud mit au grand jour les jours de la semaine en tamazight, la numérotation amazighe, la réactualisation des prénoms amazighs, la confection du drapeau amazigh (trois bandes horizontales bleu, vert, jaune frappées au milieu par une lettre de tifinagh), le calendrier Amazigh, l’aménagement de l’alphabet tifinagh.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages. "Heureux les martyrs qui n’ont rien vu", "FFS Espoir et Trahison", "Identité provisoire", "Histoire de l’Académie berbère: de petites gens pour une grande cause", sont quelques-unes des œuvres de cette grande figure de la cause identitaire et plusieurs chants patriotiques tel que : Je venais de sortir de l’hôpital (en français), Nesla i Imazighen, Ay asegwas, agujil, massinissa. Il est aussi l’auteur de quelques chansons interprétées par Takfarinas et Malika Domrane : Teniḍ-iyi γileγ d ssaḥ, Nebwid tafat s-wudem et Makken d-fγeγ seg-wexxam.

Après des séjours répétés à l’hôpital, le père de l’académie berbère s’éteint à l’hôpital Saint Mary’s de New Port en Angleterre, le 1er janvier 2002.

Son corps repose désormais au village d'Akaoudj (Tizi-ouzou).

Mokrane NEDDAF décembre 2011

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