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Les Coptes de nouveau ciblés en Egypte Neuf morts dans l’attaque d’une église au Caire
Ecartés de la vie politique depuis de nombreuses années, les coptes continuent à subir les avatars de l’histoire de leur pays.

Neuf personnes ont été tuées, hier au sud du Caire, dans une attaque contre une église menée par un djihadiste armé, rapporte l’AFP citant des sources officielles. L’attaque n’a pas été revendiquée jusque-là. Dans un premier temps, le porte-parole du ministère de la Santé, Khaled Megahed, a indiqué que l’assaillant a été abattu après avoir tué neuf personnes et blessé plusieurs autres dans l’attaque contre l’église Saint-Mina à Helouane, dans la banlieue sud du Caire.

Mais le ministère de l’Intérieur a ensuite précisé, dans un communiqué, que l’assaillant, un djihadiste recherché pour des attaques contre la police, a été blessé et arrêté. L’homme était armé de fusils d’assaut, de munitions et d’une bombe qu’il avait l’intention de faire exploser dans l’église, a-t-il poursuivi. Il a d’abord tué deux personnes en ouvrant le feu sur un magasin, puis s’est dirigé vers l’église et en a tué sept autres, dont un officier. Cinq gardes de sécurité ont été blessés, selon des responsables de la police.

L’assaillant a ouvert le feu à l’extérieur de l’église Saint-Mina et tenté de donner l’assaut au bâtiment, ont-ils précisé. Dans un communiqué, la présidence égyptienne a affirmé que cette attaque «renforcerait la détermination» du gouvernement «à débarrasser le pays du terrorisme et de l’extrémisme».

Représailles

Le 20 octobre 2013, une attaque visant l’église de la Vierge au Caire lors d’un mariage copte avait fait quatre morts. C’était le premier attentat contre la communauté copte dans la capitale après la destitution, le 3 juillet de la même année, du président islamiste, Mohamed Morsi, par l’armée. La minorité chrétienne a alors subi les représailles d’islamistes lui reprochant d’avoir soutenu l’éviction de Morsi. Des dizaines d’églises, de maisons et de commerces appartenant à des coptes ont été attaqués et incendiés, notamment dans le centre du pays.

Le 11 décembre 2016 au Caire, un attentat-suicide contre l’église copte Saint-Pierre et Saint-Paul a fait 29 morts. L’attentat a été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). En avril 2017, 45 personnes ont été tuées dans deux attaques-suicide revendiquées par l’EI en pleine célébration des Rameaux à Alexandrie, deuxième ville du pays, et à Tanta, dans le nord du pays.

C’est à la suite de cette double attaque que le président Abdelfattah Al Sissi a décrété l’état d’urgence, renouvelé régulièrement depuis. Après ces attentats, le groupe djihadiste a menacé de mener de nouvelles attaques contre la communauté copte. En mai, le groupe djihadiste a revendiqué un attentat contre un bus de pèlerins coptes, qui s’était soldé par la mort de 28 personnes, dont plusieurs enfants.

L’EI est, par ailleurs, soupçonné d’être derrière une attaque ayant fait plus de 230 morts contre une mosquée de l’est de l’Egypte le 24 novembre, l’attaque la plus meurtrière dans l’histoire récente du pays. Les coptes constituent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l’une des plus anciennes. Ils représentent 10% des quelque 96 millions d’habitants et sont présents dans tout le pays, avec des concentrations plus fortes en Moyenne-Egypte. Ils sont faiblement représentés dans le gouvernement et se disent marginalisés.

Les coptes remontent à l’aube du christianisme, à l’époque où l’Egypte était intégrée à l’empire romain puis à l’empire byzantin, après la disparition de la dernière dynastie pharaonique des Ptolémées, d’origine grecque. L’Eglise copte est fondée, selon la tradition, en l’an 43 par saint Marc l’Evangéliste à Alexandrie, où il serait mort en l’an 68. L’influence de l’Eglise copte est essentielle dans l’histoire du christianisme des premiers temps. Sa «Didascalie», école théologique, est considérée comme la première école de pensée chrétienne.

Et c’est l’Eglise copte qui a créé le monachisme. Avec l’avènement de Mehemet Ali (1805-1848), les coptes commencent à prendre part à la vie du pays. Ils adhèrent au mouvement national égyptien. Nombreux parmi eux ont intégré le parti nationaliste le Wafd, dirigé par Saad Zaghloul. Parmi ces militants nationalistes coptes, Makram Ebeid, plusieurs fois délégué aux négociations avec les Anglais, est l’un des dirigeants.

Il est présenté comme le défenseur de la cohésion nationale lancée par le Wafd. Quand les Anglais ont tenté d’introduire, dans le Traité d’indépendance de 1922, une clause qui aurait justifié leur intervention en Egypte par une prétendue protection des intérêts des minorités, les coptes et le Wafd s’y sont montrés hostiles. Ceux-là ont rappelé aux occupants qu’ils sont Egyptiens comme les autres et non une minorité dont ils pouvaient abuser pour justifier leur politique interventionniste.

Mise à l’écart

Après le coup d’Etat de 1952 contre le roi Farouk, mené par les «officiers libres», les coptes sont mis à l’écart de la vie politique. A partir de 1970, ils vivent des événements dramatiques : des exactions et des agressions sont commises contre eux et ils sont victimes de ségrégation. Ainsi, ils déplorent une législation très contraignante pour l’édification des églises, alors que le régime pour les mosquées est très libéral.

Le 1er janvier 2011, un attentat non revendiqué a fait 23 morts, en grande majorité chrétiens, à la sortie d’une église copte après la messe du Nouvel An à Alexandrie, deuxième ville du pays. La montée de l’islamisme aggrave le sentiment de marginalisation des coptes, surtout depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février 2011.

Le 8 mars de la même année, 13 personnes sont tuées lors d’affrontements entre musulmans et coptes dans le quartier déshérité de Moqattam au Caire. Deux mois plus tard, des combats entre musulmans et coptes font 15 morts dans le quartier populaire d’Imbaba, au Caire, où une église est attaquée et une autre incendiée. En octobre de la même année, 27 personnes sont tuées au Caire lors d’une manifestation contre l’incendie d’une église.

Le 30 août 2016, est votée par le Parlement une loi sur la construction et la rénovation des églises. Elle simplifie les procédures administratives pour la construction des lieux de culte. Mais elle est jugée discriminatoire par les représentants chrétiens. L’article 2 de ladite loi conditionne l’autorisation de bâtir un lieu de culte chrétien et en détermine la superficie, calculée selon le nombre de fidèles dans la localité concernée. 

Amnay idir (Source El-watan)
Tag(s) : #Terrorisme
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