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Depuis le 22 février dernier, date du soulèvement populaire contre la dictature, beaucoup de chemin a été parcouru, en dépit de la colère exprimée par de nombreux Algériens qui considèrent que le régime n’a toujours pas abdiqué devant leur principale revendication, qui est le départ du système mis en place depuis l’indépendance et l’établissement de la démocratie.

Pourtant, le dictateur en place a été chassé et le régime de Bouteflika est tombé et les principaux responsables de son régime sont sous les verrous : son frère, deux anciens Premiers ministres, des dizaines de ministres, de walis, de procureurs, de juges, de généraux, ainsi que la plupart des oligarques et hommes d’affaires qui se sont outrageusement enrichis aux dépens du pays, et la liste ne cesse de s’allonger.

Jamais depuis l’indépendance du pays, une épuration d’une telle envergure n’avait été menée. On n’avait même jamais emprisonné un ministre.

Il faut bien admettre que cet assainissement est le produit direct du soulèvement populaire et qu’il constitue un facteur important pour le succès de la transition démocratique.

Certes, il reste encore deux objectifs à réaliser : premièrement le départ du gouvernement de Bedoui et celui du président par intérim Bensalah, et secundo la mise en place des conditions qui permettront au peuple de désigner librement ses dirigeants.

Il est en théorie facile de faire partir ce que la rue appelle les deux «B» car ces deux personnages n’ont plus aucun poids politique.

Sur le plan formel, leur maintien n’est que la conséquence logique de l’application de l’article 102 de la Constitution, qui a permis d’obtenir le départ du président Bouteflika .

Sur le fond, ils sont là pour donner le temps et les moyens à l’institution militaire, dont le chef d’état-major est vice-ministre de la Défense, d’agir dans une apparente ou relative légalité. Ils servent aussi à assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat et des services publics.

Leur maintien peut aussi être considéré, d’une certaine manière, comme le prix à payer pour préserver le caractère pacifique d’une révolution dont les Algériens sont si fiers.

Dénier ce rôle d’idiots utiles aux deux «B» est trop facile, car leur départ, dans les conditions présentes, reviendrait à créer un vide politique et institutionnel dangereux qui mettrait aussitôt l’armée au premier plan.

Dénier aussi à l’armée, dans ces mêmes conditions, le droit d’interférer dans les affaires politiques et judiciaires, reviendrait à faire annuler toutes les décisions prises par les justices civile et militaire. Ce qui conduirait en toute logique à remettre en liberté toutes les personnes arrêtées, y compris ceux-là mêmes dont tous les Algériens se sont réjouis de l’arrestation. Ce qui conduirait à revenir à la situation d’avant la révolution. Inconcevable, même pour les plus grands détracteurs du chef d’état-major.

LA DIFFICILE MISSION DU PANEL DE MÉDIATION

Cependant, la situation est en train d’évoluer et le maintien des deux «B» devient intenable. Le débat actuel est donc centré sur leur remplacement. Mais par qui ? Par le hirak, disent les plus optimistes. Mais c’est oublier que le hirak est une personnalité morale qui n’existe juridiquement qu’au travers de représentants élus. C’est l’article 8 qui donne sa substance à l’article 7. Il est impossible, dans les conditions actuelles, de dégager une telle représentation, comme nous le constatons tous les jours. Cette impossibilité objective résulte, d’une part, du vide politique organisé par le pouvoir. Aucun parti politique ni aucune personnalité ne dispose de légitimité suffisante auprès du peuple. Elle résulte, d’autre part, de l’absence de conditions et de mécanismes crédibles qui permettraient de mettre en route un processus électif. Comment, dès lors, organiser la transition si nous n’avons plus de gouvernement et plus de Président  ? L’armée, pour sa part, a tranché, en s’accrochant à la lettre, puis à l’esprit de la Constitution, dont elle connaît certainement, comme tout le monde, les tares. Mais cet ancrage lui offre le cadre juridique pour agir sous la couverture des institutions actuelles, sans paraître faire un coup d’Etat. Ce cadre juridique lui donne la possibilité d’accompagner, comme elle l’affirme, la volonté de changement exprimée par le hirak, tout en continuant à assurer l’ordre public. C’est lui qui justifie le maintien du gouvernement et du Président par intérim dont le départ est réclamé par tous les Algériens. Ce maintien lui évite ainsi le risque de se retrouver en tête-à-tête avec le peuple, posture dangereuse qui la conduirait naturellement, ordre public oblige, à combler le vide politique qui serait créé par leur départ. Il lui évite donc d’assumer un coup d’Etat de fait, qui lui serait sûrement reproché tant par ses adversaires locaux que par les instances internationales. Cela dit, nous devons convenir que c’est l’armée qui exerce le pouvoir réel. C’est à ce titre qu’elle cherche à piloter la transition, en la raccourcissant au minimum, pour que puisse se tenir une élection présidentielle rapide. L’armée nous assure, par ailleurs, qu’elle en garantirait la transparence, via des mécanismes à mettre en place par des représentants du hirak. Telle est la difficile mission du panel de médiation supervisé par Karim Younès. Si l’opinion semble divisée, le manque de confiance est par contre palpable dans toutes les couches de la société, accentuant le risque de boycott d’une élection présidentielle qui serait organisée dans ces conditions.

COMMENT RÉTABLIR LA CONFIANCE ?

Pour rétablir la confiance, la libération des détenus d’opinion (quelques dizaines) ne suffira pas. Pas plus qu’un consensus entre ce qui tient lieu de forces politiques et sociales sur la manière d’envisager la transition.

Le malentendu est trop grand entre les citoyens et les actuels gouvernants. Le premier des malentendus réside dans le maintien du chef de gouvernement, dont la seule raison tient, comme pour le chef d’Etat par intérim, à l’obstination de l’armée à s’accrocher à une Constitution dans laquelle le peuple ne se reconnaît pas, mais qui reste tout de même la base juridique qui permet à l’armée de manœuvrer. Il ne faut pas oublier que le chef d’état-major est vice-ministre de la Défense. Si le gouvernement tombe, qui est habilité à en nommer un nouveau ? Le Président par intérim n’en a pas le pouvoir constitutionnel…

Mon avis personnel est qu’il faut repenser entièrement le problème. En s’affranchissant pour commencer de la légalité constitutionnelle, qui est devenue un véritable frein, en la remplaçant par la «légitimité révolutionnaire». La seule que le peuple est en mesure de comprendre aujourd’hui. Le peuple ne cesse en effet de marteler qu’il ne reconnaît que l’article 7 de la Constitution, qui établit que le peuple est seul dépositaire de la souveraineté nationale.

Le baromètre de la confiance remontera sitôt proclamé le départ du gouvernement de Nourredine Bedoui et son remplacement par un gouvernement de transition. Pour les Algériens, la place de Bedoui est en effet clairement en prison, pas à la tête du gouvernement. Au moins pour avoir couvert, en tant que ministre de l’Intérieur, le délit de falsification de 5 millions de signatures de parrainage au profit de l’ancien président.

Cependant, tout ne sera pas réglé pour autant, car la question de fond demeure : qui doit nommer ce gouvernement de transition ?

Ce ne peut être le panel de médiation. La défiance vis-à-vis de ce panel provient de son statut de médiateur, sans missions claires et sans autorité.

Ce ne peut être Bensalah, qui tient ses pouvoirs d’une Constitution devenue définitivement caduque. Il est un Président illégal. Il faudrait que lui aussi parte.

Qui pourrait alors combler le vide ainsi créé ? Je préconise, depuis le début du hirak, que les attributions du Président soient confiées à une instance présidentielle collégiale, composée de personnalités crédibles et qui serait dotée du pouvoir de légiférer par ordonnances. Si l’armée fait un pas dans cette direction, tout deviendra possible.

TRANSITION COURTE AVEC ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE OU PROCESSUS CONSTITUANT ?

Ces considérations nous amènent à recentrer le débat autour du principe et des conditions de la tenue d’une élection présidentielle.

Ceux qui s’opposent à une transition courte suivie d’une élection présidentielle dans les six mois ne contestent pas tant le principe de cette élection que le risque quelle ne soit truquée et que le prochain Président ne soit tenté d’utiliser l’ancienne Constitution pour bloquer les réformes constitutionnelles que tout le monde réclame.

D’autres opposants à cette élection, apparemment de moins en moins nombreux, pensent qu’il faut passer d’abord par un processus constituant. L’idée est séduisante, mais elle se heurte à un écueil majeur. En effet, ce processus ne manquera pas d’aborder des sujets par trop clivants, de nature idéologique ou résultant de divergences profondes sur des sujets tels que l’organisation générale des pouvoirs publics ou l’organisation administrative du territoire. Ce qui risque, bien entendu, d’en allonger la durée. L’expérience de la Tunisie est souvent évoquée, à cet égard, de manière pertinente.

Dans ce débat, un acteur ne fait pas beaucoup entendre sa voix, mais il est présent dans tous les esprits. C’est le facteur économique. L’économie algérienne va très mal et elle risque la banqueroute d’ici deux ans. Pour conjurer ce danger, il faut que le pays soit dirigé par un pouvoir aussi fort que légitime. S’il est en place dans six mois, il lui faudra encore le temps de s’installer, de faire un état des lieux et de prendre des mesures draconiennes pour redresser la situation.

Il est presque trop tard. C’est pourquoi j’invite tous les potentiels dirigeants du pays à mettre de côté leurs préférences idéologiques ou politiques pour défendre l’option d’une transition courte avec une élection rapide.

Le pouvoir n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’agir pour le bien du pays.

Dans tous les cas de figure, il faut envisager dès à présent les moyens de mettre en place une économie de guerre. Je reviendrai prochainement sur ce sujet. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Nous avons vécu pareil scénario dans le passé. Je l’ai personnellement vécu. Aux premières loges, si je puis dire, entre 1988 et 1992. En agissant à titre préventif, nous pourrons nous éviter de subir une perte de souveraineté qui sera encore plus dommageable qu’à l’époque où nous mendions pour donner à manger à notre peuple. C’est dire…

Travailler à assurer la régularité d’une élection présidentielle rapide, voilà vers quoi devraient pour l’heure converger les efforts de tous. Il s’agit essentiellement de travailler à la mise en place des mécanismes pour garantir un scrutin transparent.

On peut comprendre que, frustrés par des décennies de déni de liberté, nos concitoyens soient impatients et ne veulent plus avoir affaire, ni de près ni de loin, à tout ce qui peut leur rappeler les années de dictature. Mais notre révolution ne doit pas se vêtir de romantisme. La nécessité de trouver une issue rapide à la crise et préserver le caractère pacifique de notre révolution doivent constituer une limite à nos rêves libertaires. «Nécessité s’oppose à liberté», disait le célèbre philosophe hollandais Spinoza (dans son «Traité théologico-politique»)…

Le peuple veut aller vers la démocratie, mais de manière pacifique. Cette voie le contraint au dialogue et non à une confrontation violente avec le pouvoir. Il faut se rappeler que seules les révolutions violentes ont réussi à balayer rapidement l’ancien régime. A l’instar des révolutions française, russe et chinoise, ou encore de notre propre Révolution de 1954 à 1962.

Ayant fait le choix d’une révolution pacifique, nous devons donc accepter ce qui en découle, à savoir le dialogue et la recherche d’un compromis avec le pouvoir réel.

DOUTES SUR LA SINCÉRITÉ DE L’ÉTAT-MAJOR OU DOUTES SUR LA DÉTERMINATION DU PEUPLE ?

Parmi les principaux acquis de la révolution du 22 février, il faut signaler que cette dernière a profondément ébranlé les fondements de l’ancien régime, sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée. Un phénomène assez rare pour être souligné. C’est ce qui fonde notre optimisme que l’armée ne s’opposera plus aux aspirations de notre peuple. N’en déplaise aux pessimistes de tout bord, le pays est bel et bien entré en transition. L’armée assure vouloir garantir les conditions d’une transition douce, même si elle a choisi, par ailleurs, de recourir à la méthode forte à l’endroit des piliers de l’ancien régime. En faisant actionner justice civile et justice militaire, elle nous a débarrassé d’un lourd fardeau. Qui pouvait nous garantir, en effet, que le futur Président élu ne serait pas sorti des rangs de ceux qui ont bâti des fortunes colossales sur le dos du peuple ? Les adversaires de l’armée ne lui accordent aucune confiance, surtout quand elle affirme vouloir organiser une élection présidentielle crédible dans un laps de temps aussi court que six mois.

Essayons de comprendre leurs arguments. Ils reposent tout d’abord sur un premier postulat, qui est que l’armée n’est pas sincère quand elle prétend vouloir garantir la transparence du prochain scrutin, au motif que sa tenue précipitée profiterait au candidat caché de l’armée, qui s’appuierait sur l’actuelle Constitution pour rétablir à son profit la dictature. A l’appui de ce postulat, les adversaires de cette option rappellent que le chef d’état-major avait soutenu l’ancien Président. Argument spécieux, car on quitte l’analyse objective des rapports de force et des conditions et garanties à mettre en place, pour entrer dans une polémique stérile. Il faut d’abord examiner les garanties qui seront offertes, avant de se prononcer.

Le second postulat qui fonde les arguments des adversaires du chef d’état-major est que si le peuple ne réagit pas tout de suite, il ne pourra pas le faire par la suite. Ce qui laisse entendre que le hirak perdrait toute sa capacité de mobilisation au-delà de l’élection présidentielle. A leurs yeux donc, notre révolution n’aurait ainsi pas le souffle assez long, alors qu’elle montre une formidable résilience depuis plus de six mois.

Le troisième postulat laisse entendre que tout le «système» devrait être «dégagé», y compris le chef d’état-major lui-même. Ce postulat est non seulement irréaliste, mais il ne tient pas compte, ni de la situation économique du pays, ni du rapport des forces en présence, ni de l’attachement de notre peuple à préserver le caractère pacifique de sa révolution.

LA DÉMOCRATISATION EST UN PROCESSUS LONG, L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EN EST LE PREMIER PAS

Depuis le 22 août, notre peuple montre sa détermination, sa maturité et son inflexibilité à aller jusqu’au bout de ses revendications, qui sont d’instaurer un Etat de droit qui respecte ses liberté fondamentales. Cet objectif ne peut pas être réalisé du jour au lendemain. L’essentiel n’est-il pas d’entrer dans une dynamique positive, qui permettra d’entrer de manière irréversible dans un processus de réformes ? On ne déconstruit pas aussi facilement un système qui a eu le temps de s’enraciner depuis 57 ans.

S’agissant de l’élaboration d’une nouvelle Constitution, il faut commencer par admettre qu’elle n’est pas faite pour être modifiée par chaque Président élu, mais qu’elle est faite pour durer des décennies, qu’elle est le socle pour édifier la société de demain. Par admettre donc qu’elle nécessite que l’on ausculte profondément la société pour connaître ses aspirations profondes.

Comment le faire sans reconstruire patiemment le tissu associatif et sans donner le temps aux partis politiques de construire des bases militantes ? Cela, d’évidence, ne peut se faire par un coup de baguette magique. La rédaction d’une Constitution n’est pas une affaire de juristes ou de politiciens pressés.

C’est ainsi, dans la durée, que l’on pourra bâtir des institutions solides. Cette dynamique sera enclenchée par une première élection, qui ne pourra se tenir, bien entendu, que si un certain nombre de conditions sont réunies. C’est toute la problématique des nouvelles règles du jeu, qu’il faut vite mettre en place, sous la responsabilité d’une instance de transition crédible et neutre. Ces règles du jeu sont connues : une instance indépendante qui organise et contrôle le déroulement et le dépouillement du scrutin, une refonte de la loi électorale qui fixe les règles de participation au scrutin, etc.

Faut-il rappeler que ces exigences étaient justement au cœur de la première plate-forme dite de Mazafran ? Faut-il encore rappeler que les revendications contenues dans cette plateforme étaient adressées au pouvoir de Bouteflika et signées par la quasi totalité des forces d’opposition du pays ? Que ses signataires voulaient négocier avec le pouvoir en place pour obtenir son départ ? Ces conditions d’un départ négocié du pouvoir ne sont-elles pas plus faciles à remplir maintenant que ce même pouvoir n’est plus là ? Les conditions de la tenue d’une élection libre ne sont-elles pas plus favorables qu’en 1991 quand Chadli avait demandé au nouveau chef du gouvernement Sid Ahmed Ghozali d’organiser en six mois des élections libres et transparentes ? Ces élections ont été gagnées par l’opposition, en dépit du fait qu’elles ont été organisées par l’administration.

Je suis bien placé pour parler de cet épisode, puisque j’étais membre de ce gouvernement. L’arrestation des principaux oligarques depuis le 22 février a renforcé ma confiance personnelle dans la réussite de la révolution en cours, car je sais le poids de la mafia des affaires sur la marche d’un gouvernement.

La mafia politico-financière de l’époque dont je parle avait exigé de Sid Ahmed Ghozali qu’il se sépare de moi, en février 1992. En cause, ma détermination implacable à lutter contre la corruption qui touchait le sommet de l’Etat. J’avais pu compter alors sur le soutien total du chef du gouvernement, jusqu’au moment où il a dû céder sous les pressions des décideurs «d’en haut». Et ce n’était sûrement pas le président Boudiaf, qui venait d’arriver et qui entendait mener le même combat que celui que j’avais entamé.

Pour ne pas rester dans les généralités, je précise que j’avais osé chasser cinq PDG de banques véreux et traduit en justice des responsables aussi puissants que l’ex- PDG de l’Enapal, société nationale qui avait le monopole des importations agro-alimentaires. Je dois rajouter, pour compléter le tableau, que cette mafia, dont certains chefs sont actuellement sous les verrous, avait aussi cherché à attenter à ma vie.

Je sais donc mieux que quiconque ce qu’il en coûte de s’attaquer à la mafia. Ces faits remontent aux heures les plus sombres de la dictature, celles des années 1990.

Cette expérience a contribué à façonner mon regard sur la révolution en cours. Elle devrait aussi faire sentir à tous les Algériens que le combat contre la corruption est consubstantiel à notre combat pour la Démocratie.

QUI A PEUR DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE ?

Une bonne partie des arguments des opposants à cette élection provient de ce que la plupart des partis semblent avoir peur d’affronter les urnes. Pourquoi ? La raison est à rechercher dans leur structure même de partis d’opposition agréés par le pouvoir. Ces partis ne disposent ni de base militante ni de programmes solides, et ils ne pèsent plus rien maintenant qu’ils ne sont plus assurés du soutien du DRS.

On peut dire que l’existence de ces partis devient un frein à notre marche vers la démocratie. Ils empêchent les jeunes, qui constituent l’écrasante majorité de notre population, d’entrer en politique.

Ces jeunes ne veulent pas adhérer à des partis qui ont perdu tout crédit à leurs yeux. En même temps, ils ne veulent pas créer leurs propres partis tant la scène politique leur semble polluée…

L’un des enjeux de l’actuelle révolution n’est-il pas le conflit générationnel, entre une classe dirigeante vieillissante et l’extrême jeunesse de notre population, qui ne se sent pas représentée ?

Ceux qui exigent le départ de tous les symboles de l’ancien régime devraient avoir l’honnêteté d’étendre ces symboles aux partis politiques agréés par ce même système. Cela nous débarrasserait, ce faisant, de toutes les institutions «élues» : APN, Sénat, APW et APC.

C’est cela, au fond, le véritable sens du «dégagisme» que la rue nous envoie chaque mardi et chaque vendredi.

UNE TRANSITION CONDUITE PAR DES SAGES AUX ATTRIBUTIONS ÉTENDUES

Comme mentionné plus haut, il me semble que le recours à des sages pour former une instance présidentielle collégiale pourrait nous permettre de sortir de l’impasse actuelle. J’ai indiqué à maintes reprises que le peuple est dans l’impossibilité de désigner, dans le contexte actuel, des représentants.

Il ne le peut pas car il n’est pas encadré, pas organisé. La dictature ayant créé exprès le vide politique.

Comment passer de l’ancien régime à un nouveau, si ce n’est via un tampon, qu’on appelle période de transition ?

A la question de savoir qui doit désigner les membres de la transition, j’ai suggéré l’idée que ce soit celui qui détient les clés du pouvoir qu’il a confisqué il y a longtemps. C’est-à-dire la détentrice du pouvoir réel, l’armée. C’est de sa responsabilité. Elle n’a pas le droit de rejeter cette responsabilité sur le peuple, sachant que ce dernier n’est pas prêt. Et il ne l’est pas parce qu’elle a tout fait pour empêcher l’émergence de représentants du peuple.

Cette idée a choqué beaucoup de mes amis. Pourtant, il n’y a pas d’autre choix, comme nous le constatons semaine après semaine.

Ces sages seront reconnus comme tels ou seront rejetés comme des imposteurs. Le peuple garde son immense pouvoir de rejet intact. C’est son seul pouvoir, mais c’est aussi sa force. C’est le sens à donner à l’article 7. Ce n’est qu’une fois la mission des sages terminée que nous pourrons passer à l’article 8.

Depuis cette date historique du 22 février, l’armée, symbole du pouvoir par excellence, semble avoir compris que rien ne sera plus jamais comme avant. Elle aurait trop à perdre à s’opposer au peuple. Le peuple, de son côté, est tenu de lui faire confiance, tant qu’elle reste à son écoute.    

Par Ali Benouari  , Président de Nida El Watan, parti non agréé ( Source El-Watan)

Tag(s) : #POLITIQUE
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